En appuyant massivement les néo-démocrates, lundi, les Québécois se «réinvestissent dans la politique canadienne en appuyant un parti fédéraliste» estime le premier ministre Charest réagissant mardi aux résultats de l'élection fédérale.



Pas question de pavoiser pour les fédéralistes québécois toutefois, s'empresse-t-il d'ajouter, «il ya encore beaucoup de Québécois qui estiment que le Québec doit devenir un pays, c'est une option légitime» a-t-il souligné.

Avec leur verdict, les électeurs ont surtout voulu indiquer «leur ras-le-bol du négativisme et de la politique basée sur les attaques personnelles», dira-t-il une allusion aux propos acerbes d'un Gérald Larose ou aux publicités négatives des conservateurs sur Michael Ignatieff.

M. Charest a rendu hommage à la contribution de Gilles Duceppe, le premier député du Bloc élu aux Communes il y a 20 ans. Il a souligné qu'il connaissait bien Jack Layton, le chef du NPD était responsable de l'environnement comme conseiller municipal à Toronto, quand M. Charest était ministre fédéral de l'Environnement. M. Charest a aussi siégé au cabinet Mulroney avec le père de M. Layton, Robert élu avec les conservateurs en 1984.

Pour M. Charest, Québec va rétablir les ponts avec le gouvernement Harper dès la formation du conseil des ministres. Il salue la «convergence» des deux gouvernements, pour le développement économique. Toutefois prévient-il, le Québec n'hésitera pas à critiquer Ottawa quand ses intérêts seront en jeu. Il rappelle que le fédéral s'était engagé clairement durant la campagne à régler le contentieux autour de l'harmonisation des taxes de vente -le Québec réclame 2,2 milliards $ de compensation, et le gouvernement Harper est engagé en campagne à ce que le litige soit réglé en septembre prochain.

Même majoritaire, le gouvernement conservateur «ne pourra pas faire ce qu'il veut, il devra tenir compte de l'opposition» estime M. Charest.

Pour le chef adéquiste Gérard Deltell la déconfiture du Bloc québécois est un message très clair à Pauline Marois. «C'est une défaite colossale pour Mme Marois, le PQ et le Bloc ont tenté de ramener le débat constitutionnel au coeur de la campagne et les Québécois ont dit non» observe M. Deltell.

Le chef adéquiste soutient toutefois qu'il ne faut pas voir «un débat gauche-droite» dans le résultat de lundi. Les sondages montraient que très majoritairement les Québécois ont fait confiance à Jack Layton même s'ils ne connaissaient pas le programme néo-démocrate.



La souveraineté toujours vivante selon Marois

Même si le Bloc québécois a été pratiquement rayé de la carte aux élections de lundi, Pauline Marois est convaincue que les Québecois n'ont pas tourné le dos à la souveraineté. «La souveraineté est aussi vivante qu'elle l'était», a soutenu Mme Marois commentant le verdict de lundi où le Bloc québécois s'est écrasé à 23 % des suffrages -bien moins que l'option souverainiste dans les enquêtes.

Elle n'a pas voulu se prononcer quant un journaliste a, sans détour, demandé si «le Bloc québécois est mort». Il faudra décanter, réfléchir sur les résultats, a-t-elle expliqué.

Pour l'heure, les Québécois ont opté pour un parti aux valeurs sociales démocrates proches de celles du Parti québécois.

Mme Marois a relevé que Stephen Harper, désormais majoritaire aux Communes comme au Sénat pourrait «imposer unilatéralement» ses vues aux Québécois, mais elle s'est défendu de souhaiter la confrontation, la «politique du pire».