Le prolongement du train de banlieue dans la couronne nord devient un enjeu électoral dans certaines villes. Des candidats de Laval, de Terrebonne et de L'Assomption exigent que l'Agence métropolitaine de transport (AMT) révise son plan de 400 millions. Certains craignent carrément que l'ambitieux projet devienne une coquille vide. À l'origine, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) souhaitait étendre le train de banlieue sur deux parcours distincts. Le premier aurait relié le centre-ville à Mascouche en empruntant les voies du Canadien Pacifique à Laval. Le second aurait filé de Montréal à L'Assomption par celles du Canadien National.

Ces plans ont finalement été refondus en 2006 pour donner naissance au train de l'Est, qui suivra le tracé Montréal-Repentigny pour ensuite bifurquer vers Mascouche. Pour réaliser ce crochet de 52 km, il faudra construire des voies ferrées en plein milieu de l'autoroute 640. La facture: près de 400 millions.

 

L'AMT estime que le nouveau tracé est plus efficace et moins cher que le premier. Mais le chef de Renouveau Terrebonne, Sylvain Lessard, n'en est pas convaincu. Il souligne que le trajet entre Mascouche et Montréal prendra plus d'une heure en raison du détour par Repentigny. À ce rythme, dit-il, les résidants de sa ville n'auront aucun intérêt à prendre le train, même si une gare toute neuve est construite à deux pas de chez eux.

«Avant de dépenser 400 millions dans un projet qui risque de ne pas être utilisé, on devrait peut-être réfléchir à savoir s'il est vraiment nécessaire», prévient M. Lessard.

Il propose plutôt que l'AMT revienne à son plan original, qui prévoyait deux parcours séparés. La liaison serait plus efficace pour ceux qui partent de Mascouche et de Terrebonne, puisqu'ils pourraient atteindre le métro à Laval beaucoup plus vite.

Il n'est pas seul à réclamer la révision du projet. De l'autre côté de la rivière des Mille-Îles, le Mouvement lavallois de Lydia Aboulian promet aussi de forcer l'AMT à retourner à la planche à dessin. Selon elle, le scénario retenu par l'Agence prive les citoyens de l'est de Laval d'un moyen de transport efficace, d'autant plus que ce secteur est en pleine expansion.

«On n'a jamais tenu compte que 6000 habitations sont en construction dans le quartier Saint-François, à l'est de Laval», dénonce-t-elle.

À L'Assomption, qui devait être desservie par le train de banlieue dans le scénario original, le projet suscite également la grogne. Le maire sortant Pierre Gour se dit d'accord avec le plan du train unique, à condition que sa ville soit vite raccordée au tracé dans une éventuelle deuxième phase.

Mais ses adversaires sont beaucoup plus critiques. Le candidat Jacques Raynault, du parti L'Assomption en tête, compte lui aussi renvoyer l'AMT à ses devoirs.

«Il n'y a pas de logique à faire une nouvelle voie ferrée entre les deux voies de la 640 pour acheminer les gens de Mascouche vers Repentigny, et ensuite vers Montréal, dit-il. Il y a déjà des voies ferrées de Montréal à Mascouche et de Montréal à Repentigny.»

Écorché par le BAPE

Dans un rapport rendu en mai, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) a écorché le train de l'Est. L'organisme estime que sa mise en service va augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de polluants atmosphériques puisque les locomotives carbureront au diesel.

Les commissaires n'ont guère été convaincus du parcours non plus. «Le caractère optimal du tracé retenu par l'AMT n'a pas été démontré», peut-on lire dans son rapport.

La construction du train de l'Est est déjà lancée dans l'île de Montréal, a indiqué la porte-parole de l'Agence, Martine Rouette. Mais l'expansion vers la couronne nord stagne depuis des mois.

Le train doit passer près d'une usine d'explosifs de la société General Dynamics, à Repentigny, et l'AMT n'a pas encore convenu avec les autorités fédérales d'une solution sécuritaire pour protéger les usagers. Le ministère provincial de l'Environnement devra ensuite donner son feu vert au projet pour que les travaux débutent.

L'AMT se dit optimiste de dénouer l'impasse et de lancer les travaux finaux au printemps.