En vue des élections municipales du 1er novembre, La Presse a invité les chefs des principaux partis montréalais à une rencontre dans ses bureaux. Richard Bergeron, de Projet Montréal, a été le premier à répondre à nos questions hier.

Admirateur de Jean Drapeau et de Jean-Paul L'Allier, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, demande aux Montréalais de l'élire maire le 1er novembre s'ils veulent que la métropole fasse «un virage marqué». «Avec authenticité et franchise, comme Régis Labeaume à Québec», dit-il en entrevue à La Presse.

 

Richard Bergeron n'a peur ni des mots ni des maux. «Je ne sors pas d'une boîte de communication et on ne me met pas les mots dans la bouche comme à Gérald Tremblay», dit-il. Aussi, il le dit haut et fort: oui, il a de grandes ambitions pour Montréal; oui, ces grandes ambitions coûteront cher. Très cher.

Comme il le fait régulièrement depuis quatre ans, il cite des villes européennes et américaines pour montrer à quel point Montréal est en retard sur la modernité, et ce, après huit ans de règne de Gérald Tremblay. Son projet central: investir 1,4 milliard en 25 ou 30 ans pour construire un impressionnant réseau de tramways: 33 km d'ici à 2012, 80 km en 2017. Comment financer tout ça? À raison de 50 millions par an, dit-il. Et en profitant du fait que le poids de la dette de Montréal par rapport à son produit intérieur brut est passé de 5,8% en 2001 à 4,1% aujourd'hui.

«On n'a pas le choix, dit-il. Il faut investir.» Il cite Jean Drapeau à Montréal et Jean-Paul L'Allier à Québec, qui selon lui ont transformé ces villes alors qu'elles étaient «dans une situation de déclin». «Ils ont alors donné le coup de fouet opportun, dit-il. Montréal est dans un virage similaire. Nous, à Projet Montréal, on veut un virage marqué. Sur le transport, si la population veut une version soft de Projet Montréal, c'est Union Montréal. Harel, ce n'est pas une version du tout. Harel ou Tremblay, c'est du pareil au même.»

Richard Bergeron est conscient que les chantiers du tramway vont déranger les Montréalais pendant des années. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, croit-il. «Si je suis élu le 1er novembre, ça voudra dire que la population a accepté ce virage. La population montréalaise est pas mal plus loin qu'en 2005. Elle veut du changement, et le tramway sera le projet de tout le monde.»

Quant aux fiascos et aux enquêtes policières qui ont proliféré à Montréal depuis quatre ans, il critique le maire Tremblay pour avoir répété, chaque fois, qu'il n'était pas au courant. «A-t-il été entièrement manipulé? se demande-t-il. Qui était maire de Montréal? Frank Zampino jusqu'à son départ?»

À ceux qui disent qu'il est un politicien pas comme les autres, il répond qu'il veut faire de la politique autrement. «Gérald Tremblay qui se félicite qu'un élu municipal soit sommé par un des financiers de son parti de s'excuser au conseil, c'est scandaleux, dit-il. Gérald Tremblay qui utilise le même procédé avec les cols bleus, c'est doublement scandaleux. Il aurait dû me défendre. Il devrait défendre l'institution qu'est la Ville de Montréal.»

«On reproche souvent la langue de bois de la classe politique, le discours mécanique, le manque d'audace dans les propos, dit-il. Et la journée où on a quelqu'un qui n'est pas ferré dans cette discipline-là, le moindre mot que tu dis, tu es fait. Que veut-on? Des Gérald Tremblay qui, quand on appuie sur le bouton On, défile ce que ses conseillers lui ont glissé comme mots? Les gens veulent une certaine authenticité, une certaine franchise, comme le maire Régis Labeaume à Québec, le maire le plus apprécié en Amérique du Nord. Moi, je refuse de ressembler à Louise Harel et à Gérald Tremblay.»

Il sera le Régis Labeaume de Montréal? «Il vient de Roberval et moi d'Alma, dit-il. C'est un fonceur. Ce n'est pas vrai qu'on est obligé d'être un pur produit des boîtes de communication. Moi, je me suis fait moi-même.»