Devinette: quel parti municipal est le plus dépensier? La réponse: aucun.

À l'analyse des trois programmes des principaux partis que les Montréalais seront appelés à élire le 1er novembre, une conclusion étonnante s'impose: leurs promesses, additionnées une à une, coûteront à peu près la même chose.

Dans les trois cas, on annonce aux Montréalais une pluie de 2,5 milliards pour les quatre prochaines années. Du côté de Projet Montréal, les 33 km de Nouveau tramway promis par Richard Bergeron coûteront à eux seuls 1,3 milliard. Gérald Tremblay, lui, promet notamment 680 millions pour refaire le réseau d'eau et les égouts. Chez Vision Montréal, Louise Harel annonce 850 millions pour retaper les rues de la métropole.

 

Les trois aboutissent au même total d'environ 2,5 milliards. Mais derrière ce montant se cachent des méthodes et des ambitions complètement différentes. Projet Montréal promet un réaménagement audacieux du budget de la Ville pour faire de la métropole un modèle de transports collectifs et d'économie durable. Vision Montréal reprend la plupart des grands projets en cours et y ajoute des promesses phare comme la tenue de l'Exposition universelle, le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie et les fêtes du 350e anniversaire de Montréal. Les deux, que ce soit dans leur programme ou devant les médias, ont également fait de l'éthique et de la transparence leur cheval de bataille.

Ces deux partis de l'opposition utilisent à peu près la même recette pour financer leurs promesses, de l'ordre de 600 millions par année. La moitié proviendra d'un grand ménage dans les finances, l'autre des péages. Fait à noter, seul Projet Montréal a présenté un cadre financier clair, énumérant ligne par ligne ses dépenses.

Le cas du parti du maire Tremblay, Union Montréal, est différent. Au pouvoir depuis huit ans, l'administration a déjà mis en place la plupart des projets qu'elle promet actuellement, un avantage abondamment utilisé par la plupart des gouvernements sortants.

De même, plus de 98% des millions annoncés par M. Tremblay depuis trois semaines, du fonds d'investissement de 180 millions pour les grands projets aux centaines de millions en réfection des rues et des infrastructures, sont déjà inclus dans le budget 2009 de la Ville, confirme-t-on au parti. Ses «nouvelles» promesses, elles, ne représentent que 43 millions par année.

«Ce sont des engagements que nous qualifions de réalistes et de réalisables, a expliqué Gérald Tremblay. Agir autrement, ce serait faire preuve d'irresponsabilité.»

Transport, éthique et continuité

L'argent ne résume pas l'esprit des programmes présentés par les trois partis. Les 72 pages regroupant les dizaines de propositions de Projet Montréal laissent une large part aux transports collectifs, au logement social et à l'abandon de l'automobile comme moyen de transport principal. Des projets coûteux, mais «on n'a pas le choix, il faut investir, estime Richard Bergeron. Nous, à Projet Montréal, on veut un virage marqué».

Le programme propose également une refonte de la démocratie municipale et une centralisation des pouvoirs pour contrer l'influence de l'entreprise privée à l'hôtel de ville. Voté en mai 2009 en congrès, le programme de Projet Montréal ne propose aucune mesure sur l'éthique ou la lutte contre la corruption. C'est récemment, surtout depuis septembre dernier, que le chef Richard Bergeron a mis de l'avant sa proposition principale, créer deux postes de commissaires à l'éthique et à l'intégrité.

Ce volet de l'éthique est par contre très présent dans les 41 pages du programme de Vision Montréal, qui a été lancé au début d'octobre. On y retrouve quatre engagements, dont le principal est la mise sur pied d'un bureau d'éthique municipal. En ce qui concerne la réorganisation des pouvoirs des arrondissements, on promet de rapatrier à la ville centrale des services cruciaux comme le déneigement et l'urbanisme.

«Beaucoup des grandes villes du monde ont transformé leurs arrondissements en quasi-villes, comme ici à Montréal, et ça, c'est un vrai problème», estime Louise Harel.

Plus concis, le programme d'Union Montréal tient sur 21 pages où on rappelle essentiellement les réalisations de l'administration Tremblay depuis 2002. Les quatre prochaines années serviront essentiellement, a expliqué le maire, «à parvenir à mettre de l'avant les projets qui sont déjà amorcés».



PARTI ET CHEF

UNION MONTRÉAL

GÉRALD TREMBLAY

Pour parvenir à mettre de l'avant les projets qui sont déjà amorcés, dont l'autoroute Bonaventure et le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, déjà en route, il me faut un autre mandat. Gérald Tremblay

PROMESSE PHARE

Finaliser le Quartier des spectacles

Coût

inclus dans un «fonds d'investissement» plus global de 180 millions

ÉTHIQUE

Aucune mention dans le programme. Le maire a souvent affirmé aux médias avoir resserré les règles d'éthique lors de son dernier mandat.

Ouvert à une enquête publique qui toucherait l'ensemble des municipalités au Québec.

IMPÔTS ET FINANCES

N'a pas voulu s'engager à un gel d'impôts fonciers. Hausse probable équivalente à l'inflation en 2010.

Nouveaux engagements estimés à 43 millions annuellement, assumés par la croissance des revenus.

TRANSPORTS EN COMMUN

Prolonger le métro, d'abord vers l'est (ligne bleue) jusqu'à Anjou puis vers l'ouest (ligne orange) vers Saint-Laurent.

Lancer les travaux de la navette ferroviaire entre le centre-ville et l'aéroport Montréal-Trudeau.

Développer un réseau de tramway au centre-ville et un tram-train vers Lachine.

Favoriser le covoiturage, l'autopartage et le déploiement de mesures préférentielles pour les autobus sur plus de 240 kilomètres d'artères.

RÉSEAU ROUTIER ET TRANSPORTS

Investir 150 millions par année dans la réfection des routes.

Sécuriser de 1200 feux de circulation et de 200 intersections

Diminuer la vitesse de 50 km/h à 40 km/h dans l'ensemble des rues résidentielles locales dès la fin de l'année 2010

Multiplier les mesures d'apaisement dans les arrondissements. Réduire le volume de circulation automobile «auto solo « de 15% au cours des 10 prochaines années.

LOGEMENT

Poursuivre, au cours des quatre prochaines années, l'Opération 15 000 logements, dont 5000 logements sociaux et communautaires.

Maintenir le programme de soutien à l'accession à la propriété, dont une subvention de 10 000$ pour les ménages avec enfants.

Poursuivre les interventions «proactives» de la Ville enmatière de salubrité des logements.

Accélérer les travaux majeurs dans le parc de logements de l'Office municipal d'habitation de Montréal.

DÉMOCRATIE ET ARRONDISSEMENTS

«Renforcer « les interventions de la ville centre en matière d'urbanisme et de planification du territoire.

SERVICES AUX CITOYENS

Investir 10,3 millions par année dans le plan d'action de la propreté, dont 2,3 millions consacrés à la brigade de la propreté.

Rendre disponibles 5800 places de stationnement gratuit pour faciliter et accélérer le ramassage de la neige dans les rues du centre-ville.

Mettre en place une collecte spéciale de résidus de table (putrescibles) d'ici cinq ans.

AUTRES GRANDS PROJETS

Poursuivre le programme de réhabilitation des infrastructures de réseau d'eau et d'égout, notamment celles du centreville, à raison d'une moyenne d'investissement de 170 millions par année.

Installer des bornes d'accès internet disponibles, à terme, dans toute la ville.

Investir une somme additionnelle de 27 millions dans la mise à jour et la création de nouveaux emplacement de dépôt à neige.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay.

PARTI ET CHEF

VISION MONTRÉAL

LOUISE HAREL

Ma réputation est sans tache. Le maire, lui, a été obligé de congédier tout le monde autour de lui, sauf lui-même. Louise Harel

PROMESSE PHARE

Recouvrement de l'autoroute Ville-Marie et utilisation du site pour l'Exposition universelle de 2020

Coût

non précisé

ÉTHIQUE

Créer un bureau d'éthique municipal indépendant.

Imposer un code d'éthique aux soumissionnaires, mettre sur internet tout le processus d'appel d'offres, vérification par la police de Montréal des sources de financement des entreprises.

IMPÔTS ET FINANCES

Gel de l'impôt foncier en 2010.

Compte sur les revenus de péage, réinvestis dans les transports en commun et l'entretien du réseau routier, ainsi que 200 millions par année grâce à des gains de productivité.

TRANSPORTS EN COMMUN

Gel des tarifs de la STM en 2010, suivi de hausse ne dépassant jamais l'IPC.

Réalisation de la navette ferroviaire entre le centreville de Montréal et l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.

Se donne comme objectif d'augmenter de 10% à 20% les déplacements en transports en commun.

Poursuivre les études sur l'implantation du tramway et sur le prolongement du métro jusqu'à Anjou (trois stations) et jusqu'à Bois-Franc (une station).

RÉSEAU ROUTIER ET TRANSPORTS

Ajouter 250 millions de dollars sur quatre ans aux 600 millions actuellement prévus dans la réfection et l'entretien des rues locales et artérielles de Montréal.

Imposer des limites de vitesse uniformes dans tous les arrondissements, de 50 km/h sur les grandes artères et de 40km/h dans les rues.

Rendre piétonnières certaines rues du Vieux-Montréal, de même que la rue Sainte-Catherine, entre l'avenue Papineau et la rueDe Bleury jusqu'à la rue Atwater.

Donner une signature visuelle unique aux taxis montréalais.

LOGEMENT

Établir une stratégie de développement d'habitations plus écologiques.

Réaliser, sur la période de 2010-2015, la construction de 10 000 logements sociaux et communautaires et la rénovation de 5000 logements du stock existant.

Bonifier le programme d'accès à la propriété pour les premiers acquéreurs de logements. familiaux.

Adopter un nouveau règlement plus efficace et plus contraignant en matière de salubrité des logements.

DÉMOCRATIE ET ARRONDISSEMENTS

Rapatrier, à la ville centre, la voirie, le déneigement, la propreté, le développement économique, la gestion de l'eau et des matières résiduelles.

Confier les services d'urbanisme, de mise à jour du plan d'urbanisme et les consultations publiques à la ville centre.

Assurer l'équité des services entre les arrondissements, notamment, en ajustant leur dotation.

Entamer des discussions avec Québec afin de diminuer le nombre d'élus, notamment les conseillers d'arrondissement.

SERVICES AUX CITOYENS

Mettre en oeuvre un réseau de signalement de déficiences sur le domaine public, par l'entremise des téléphones cellulaires.

Appliquer, au plus tard en 2012, la réduction à une fois par semaine de la collecte des ordures pour l'ensemble des arrondissements. Choisir l'outil de collecte des matières organiques, au plus tard à la fin de 2010, et en assurer la distribution aux arrondissements dès 2011.

Créer de nouveaux écoquartiers dans 9 arrondissements de la Ville.

AUTRES GRANDS PROJETS

Accélérer et favoriser la réalisation des grands projets actuellement à l'étude, notamment le démantèlement de l'autoroute Bonaventure et la revitalisation du secteur Griffintown.

Déposer, en avril 2011, la candidature officielle de Montréal à titre de ville hôtesse de l'Exposition universelle de 2020.

Organiser les fêtes marquant, en 2017, le 375e anniversaire de fondation de Montréal.



Photo: André Pichette, Archives La Presse

La chef de Vision Montréal, Louise Harel.

PARTI ET CHEF

PROJET MONTRÉAL

RICHARD BERGERON

Les vieux partis sont devenus beaucoup trop dépendants de certains réseaux d'argent qui les mettent au pouvoir. Nous, () quand on arrive au pouvoir, on n'a pas de dettes. Richard Bergeron

PROMESSE PHARE

Réseau de 33 km du Nouveau tramway

Coût

1,2 milliard

ÉTHIQUE

Ramener l'expertise au sein de la Ville, élaborer et surveiller les travaux à l'interne, centraliser l'attribution des contrats.

Créer un commissaire à l'éthique à la Ville de Montréal et un commissaire à l'intégrité qui serait intégré au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

IMPÔTS ET FINANCES

S'engage à ne pas hausser l'impôt foncier «au-delà de l'inflation».

Espère générer 300 millions par année en réaménageant le budget, et récupérer de 250 à 300 millions de l'instauration du péage ou de la taxation des terrains de stationnement.

TRANSPORTS EN COMMUN

55 km de voies réservées aux autobus.

Carte CAM à 60$ et tickets à 2$, tarifs gelés pour quatre ans, gratuité des services au centre-ville.

Véhicules électriques en libre-service.

Réseau de 33 km de tramway et, d'ici 30 ans, de 250 km de tramway dans l'île.

RÉSEAU ROUTIER ET TRANSPORTS

Diminuer les investissements routiers prévus pour les affecter à des projets de transports durables. Empêcher tout projet d'infrastructure routière augmentant la capacité automobile sur le territoire ou à destination de Montréal.

Instaurer des mesures de modération de la circulation (policiers, réaménagement des intersections, des rues et des artères).

Éliminer complètement l'autoroute Bonaventure.

Réaménager les grands axes urbains en diminuant l'espace consacré à l'automobile.

LOGEMENT

Construire 20 000 logements dans les «Quartiers du métro et du Nouveau tramway».

Transformer 1000 logements en coopératives.

Mettre sur pied un registre officiel (« rôle «) des loyers.

Améliorer les inspections, exproprier les immeubles abandonnés.

DÉMOCRATIE ET ARRONDISSEMENTS

Abolir les mairies d'arrondissement, revenir aux présidences.

Créer des conseils de quartier axés sur la consultation et les projets locaux.

Abolir le conseil d'agglomération, faire siéger les maires des 14 villes défusionnées au conseil municipal.

Réduire les pouvoirs du comité exécutif et rendre ses débats publics.

SERVICES AUX CITOYENS

Installer des méthodes de fonte de la neige dans certaines rues en pente, des escaliers et des stations de métro.

Créer une brigade trottoirs responsable de l'entretien des trottoirs durant tout l'hiver, et de leur nettoyage l'été.

Adapter les dates d'ouverture et de fermeture des infrastructures sportives par exemple les piscines et les patinoires aux aléas du climat.

AUTRES GRANDS PROJETS

Réduire à moyen terme de 50% la circulation automobile au centre-ville.

Créer des quartiers verts reliés entre eux par un réseau vert de rues piétons-vélos-bus.

Contribuer à la mise sur pied de deux couloirs de TGV vers Detroit et Philadelphie.

Réduire les émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire de Montréal de 30% d'ici 2020 et de 80% d'ici 2050.

 

Photo: Robert Skinner, La Presse

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron.