Le chef du parti Projet Montréal, Richard Bergeron, a annoncé ce midi que s'il est élu maire de Montréal dimanche, il formera un comité exécutif composé d'une majorité d'élus de son parti mais accompagnés d'élus des deux autres partis.

M. Bergeron en a fait l'annonce au tout début du débat électoral organisé ce midi par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) qui avaient invité Richard Bergeron, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, et le chef d'Union Montréal, Gérald Tremblay.

Richard Bergeron a expliqué que cette coalition politique au sein du «conseil des ministres» de l'administration municipale permettra que «tous les talents disponibles soient mis à profit» afin que Montréal puisse «rattraper son retard, comme dans les années 60».

«La communauté d'affaires s'attend à cinq choses: de la compétence, de l'efficacité, de l'intégrité, de la vision et du leadership», a dit Michel Leblanc, le président de la CCMM, en introduction du débat.

Les candidats ont alors fait en sorte de montrer qu'ils étaient dotés de ces qualités et qu'ils comptaient les mettre en oeuvre pour développer la Ville de Montréal le mieux possible.

Mme Harel a dit qu'elle avait hâte de prendre connaissance des conclusions du groupe de travail de la Chambre (présidé par Marcel Côté et Claude Séguin) mis sur pied pour étudier quelle sera la meilleure gouvernance pour la métropole. Elle compte sur leurs conclusions pour mettre en oeuvre les changements requis, si elle est élue dimanche, pour avant toute chose «que les citoyens reprennent confiance» envers leur administration municipale.

Le candidat Gérald Tremblay a de son côté rappelé que «Montréal est une ville de créateurs», une ville «qui traverse le mieux la crise en Amérique du Nord» et «une ville d'avenir».

M. Tremblay a estimé que les projets et les ambitions des deux autres candidats étaient irréalistes d'un point de vue financier.

Faisant allusion au fiasco du contrat des compteurs d'eau qui aurait pu coûter 600 millions aux contribuables, Mme Harel a rétorqué au maire qu'il était mal placé pour donner des leçons de rigueur financière.

Elle a dit qu'il fallait mieux coordonner les projets immobiliers et qu'un «bureau structurant renforcé» le permettra, «avec le leadership manquant actuellement à Montréal».

Transport collectif

Sur le thème du transport, Richard Bergeron a déclaré qu'il veut « intensifier la fréquence des métros et des autobus, construire des corridors réservés et remplacer progressivement les autobus par des véhicules électriques». Son projet permettra de réduire la circulation de 2,5% par année, soit de 10% pendant le prochain mandat. Donc, dit-il, il ne sortira pas l'automobile de Montréal, comme l'en accuse Gérald Tremblay, a-t-il dit.

De son côté, Mme Harel a dit que les Montréalais «ont honte de leurs rues». Gérald Tremblay a rétorqué que son administration avait fait des investissements records dans la réparation des rues. Et que, d'une certaine mesure, l'administration était sur la bonne voie.

Sur le thème de la gouvernance, Mme Harel a insisté sur le fait que les Montréalais méritent de meilleurs services. «Penser globalement, agir localement», a-t-elle lancé, en ajoutant que les citoyens méritaient d'avoir tous les mêmes services.

Même si le débat était en français, Gérald Tremblay lui a répondu en anglais. Il a ensuite enchaîné en français en disant que, pour plus d'efficacité, le prochain maire de Montréal sera aussi maire de l'arrondissement de Ville-Marie.

Sur le thème de la corruption, Richard Bergeron a évoqué la section anti-corruption qu'il compte créer au sein du Service de police de Montréal et qui devra rendre des comptes au maire de Montréal. «Ainsi, il ne pourra pas dire qu'il ne savait pas», a glissé M. Bergeron.

Le débat s'est ensuite un peu envenimé. Mme Harel a critiqué le statu quo que propose M. Tremblay au sujet de la gouvernance. Gérald Tremblay a alors dit que son projet était de créer pour Montréal «une stabilité évolutive et dynamique». Le ton a monté. Gérald Tremblay a alors dit à Richard Bergeron qu'il lui laissera les dernières minutes de son temps. Mme Harel a alors dit au micro: «Ça, ça s'appelle de la collusion».

Elle a rappelé ensuite les scandales qui ont essaimé à Montréal au cours des dernières années et les six enquêtes policières encore en cours. «La réputation de Montréal a été entachée, a-t-elle dit. Il faut que 2009 soit la dernière année où ça arrive. Il faut que Montréal retrouve sa place dans le concert des grandes ville de monde. » Gérald Tremblay a alors pris la parole pour dire que Montréal tient déjà sa place dans le monde et il a cité quelques réalisations de créateurs montréalais.

De son côté, Richard Bergeron a dit que la mise en valeur de l'entrée maritime de Montréal «contribuera grandement à l'attrait de Montréal». «Ce projet phare de Projet Montréal vise à remplacer les silos rouillés et les immeubles à l'abandon qui longent le fleuve Saint-Laurent par un superbe quartier résidentiel et récréatif, a dit M. Bergeron. Il prévoit aussi la construction possible d'un édifice prestigieux sur la pointe de l'île Ste-Hélène. Ceci fait, notre entrée maritime n'aurait plus rien à envier à celle de Sydney, de San Francisco ou de Barcelone.» Mme Harel a dit à la fin du débat que Montréal souffre d'une «absence d'intégrité», mais aucun homme d'affaires n'a réagit dans la salle.

Gérald Tremblay a d'ailleurs ensuite reconnu qu'il y avait un problème d'intégrité dans son administration en affirmant que si il est élu, il fera en sorte «que l'intégrité revienne partout à l'hôtel de ville». «Je serai votre meilleur ami», a-t-il dit à l'intention des gens d'affaires de la CCMM.

Louise Harel a ensuite noirci le bilan du maire Tremblay en lançant de nouveau un «appel solennel» pour une commission d'enquête publique qui, seule, «peut garantir l'avenir».

M. Bergeron a clos le débat en affirmant qu'il faut investir 600 millions supplémentaires par an si on veut moderniser la ville et engranger des retombées économiques.