Gérald Tremblay et plusieurs de ses lieutenants sont restés en selle à la suite des élections de dimanche, mais l'équipe d'Union Montréal présentera de nouveaux visages au conseil municipal. Et les deux partis de l'opposition aligneront des conseillers fraîchement élus pour l'affronter.

La formation de Richard Bergeron, Projet Montréal, a sans contredit connu la plus importante ascension dans la faveur populaire, passant de 8,5% des suffrages en 2005 à 26% cette année. Le parti a raflé deux mairies d'arrondissement.

 

Luc Ferrandez et Pierre Gagnier auront la lourde tâche de produire la maquette à petite échelle d'une éventuelle administration de Projet Montréal. Le premier, consultant en management âgé de 47 ans, a remporté la mairie de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. L'autre, homme d'affaires de 74 ans, se retrouve à la tête de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville. Les deux obtiennent automatiquement un siège au conseil municipal.

«Je me suis rendu compte que, en tant que citoyen, j'avais des pouvoirs limités, a confié Luc Ferrandez. J'ai déposé des consultations, j'ai déposé des projets à la Ville de Montréal et j'ai réalisé que le changement passe par le pouvoir.»

Le nouveau maire du Plateau a un programme ambitieux. Il veut embellir les parcs La Fontaine et Laurier, créer deux places publiques, implanter des marchés publics, réduire la vitesse dans les rues résidentielles et étendre la collecte de matières compostables. Tout cela alors que son arrondissement a bouclé la dernière année avec un déficit de plus de 4 millions. «Ce ne sera pas de la tarte mais, en même temps, on a un devoir de frugalité au chapitre de l'aménagement et du budget d'exploitation.»

Pierre Gagnier, qui arrive à la tête d'Ahuntsic-Cartierville, aura le même problème sur les bras. Son arrondissement est le plus endetté à Montréal. Le nouvel élu croit que son sens des affaires le servira. Dans sa jeunesse, il recueillait du papier dans les rues de Verdun pour le vendre à des sociétés papetières. Il a plus tard fondé Pompaction, une entreprise qui compte 70 employés. Élu sous la bannière de Vision Montréal de 1990 à 1998, il se dit emballé de reprendre le collier.

«Ma femme est morte il y a un an, a-t-il confié. Je suis retraité et, au lieu d'aller me promener ailleurs, je vais m'occuper de mes citoyens.»

Du sang neuf à Union Montréal

Le parti du maire Tremblay a perdu André Lavallée et Michel Labrecque, battus dans leur arrondissement respectif. Mais Union Montréal a réussi à faire élire une figure connue de la communauté haïtienne, Frantz Benjamin, dans le district Saint-Michel. Actif depuis longtemps dans le milieu communautaire, M. Benjamin a présidé le Conseil interculturel de Montréal et participé au Groupe de travail sur le profilage racial.

Union Montréal a également conservé la mairie de Montréal-Nord, un arrondissement qui a été durement secoué par une émeute en août 2008. C'est Gilles Deguire, ancien policier, qui prend la relève de Marcel Parent, lequel a pris sa retraite en reconnaissant que le secteur «n'est pas de tout repos».

«Le porte-à-porte qu'on a fait pendant la campagne démontre que les gens veulent être près de leurs élus, ils veulent les rencontrer, explique M. Deguire, qui travaillait au cabinet de la ministre Line Beauchamp avant de briguer les suffrages. Les préoccupations de nos citoyens doivent devenir des occasions de faire les choses autrement.»

Du renfort à Vision Montréal

Vision Montréal alignera aussi de nouveaux visages. L'un des candidats du parti de Louise Harel, François Croteau, a réussi à déloger un pilier du comité exécutif, André Lavallée, dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie.

Louise Harel pourra compter sur une autre figure connue. En 2004, Elsie Lefebvre est devenue la plus jeune femme élue à l'Assemblée nationale lorsqu'elle a remporté les élections partielles dans Laurier-Dorion. Battue en 2007, elle compte néanmoins utiliser son expérience parlementaire au conseil municipal.

«Au chapitre des règles de gouvernance, de transparence et d'éthique, il y a des choses qu'on peut amener à Montréal, a-t-elle indiqué. Mais il y a aussi une connaissance des enjeux et des acteurs locaux. C'est une autre facette qui va m'aider dans mon travail.»