Pour la première fois, les données financières des villes les plus importantes de la région de Montréal ont été regroupées à des fins de comparaison. Les classements établis par La Presse montrent que le feuilleton des fusions-défusions a eu l'effet escompté: les dépenses et les dettes des villes centres ont été réparties sur un plus grand nombre de contribuables. On constate aussi que, dans bien des villes de banlieue, la croissance immobilière des années 2000 s'est accompagnée d'une dette plus lourde, mais pas partout.

Les défusions ont coûté cher aux sécessionnistes : les six villes où les dépenses de fonctionnement par habitant ont le plus augmenté entre 2001 et 2008 ont «défusionné» de Montréal et de Longueuil. C'est ce qui ressort du classement des finances municipales établi par La Presse.

Au chapitre de l'augmentation des dépenses par habitant, six villes reconstituées se classent au bas du palmarès - trois défusionnées de Longueuil et trois de Montréal. Elles ont vu leurs dépenses augmenter d'au moins 84%, voire doubler dans le cas de Saint-Bruno-de-Montarville, qui arrive au 29e et dernier rang.

En moyenne, dans la région, les dépenses de fonctionnement par habitant ont augmenté de 54%. En général, les grandes villes ont mieux limité ces dépenses que les plus petites : Montréal arrive au troisième rang, Laval au quatrième et Longueuil, au dixième.

C'est à Saint-Jérôme que les dépenses par habitant ont le moins augmenté : seulement 12,3% entre 2001 et 2008.

En moyenne, en 2008, les villes ont eu des dépenses de 1495$ par habitant.

C'est dans les banlieues de l'Ouest-de-l'Île qu'elles sont le plus élevées : Côte-Saint-Luc (2458$), Kirkland (2763$) et Pointe-Claire (3379$). Montréal arrive au 26e rang sur 29 avec des dépenses de 2317$ par habitant.

À l'autre extrémité, les villes les moins dépensières sont cinq banlieues de la Montérégie, avec en tête Saint-Constant, seule ville où les dépenses sont toujours de moins de 1000$ par habitant.

Laval et Longueuil sont à mi-chemin entre les deux extrêmes.

Le ministère des Affaires municipales surveille aussi les dépenses en fonction de la richesse foncière. En effet, l'impôt foncier est la principale source de revenus des villes.

À ce chapitre, en 2008, c'est à Montréal que les dépenses sont les plus élevées: 2,71$ pour chaque tranche de 100 $ de richesse foncière. À l'autre extrémité, les villes de lointaine banlieue dominent.

De 2001 à 2008, la croissance immobilière fait bien paraître les villes de la couronne nord: Terrebonne, Mascouche et Blainville arrivent en tête des villes qui ont vu leurs dépenses augmenter moins vite que la valeur foncière.

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Une perspective unique sur les finances municipales

Le classement dressé par La Presse permet d'examiner et de comparer pour la première fois les finances des 29 villes de la région de Montréal qui ont au moins 20 000 habitants. Au total, ces villes comptent 3,6 millions d'habitants.

Le palmarès a été établi sur la base des données financières des années 2001 à 2008 fournies par le ministère des Affaires municipales. La Presse a colligé ces données à partir des rapports annuels de chaque ville, ce qui donne une perspective unique sur les finances municipales.

Par ailleurs, il faut noter que, règle générale, une ville plus jeune et en expansion aura plus de dettes et relativement moins de dépenses. À l'opposé, une ville plus ancienne aura plus de dépenses à cause de l'âge de ses infrastructures. Ainsi, selon les circonstances, l'endettement n'est pas nécessairement le signe d'une mauvaise gestion, pas plus que des dépenses élevées.

Enfin, tous ces chiffres ne nous renseignent pas sur la qualité des services et des installations d'une ville, sur la justesse de sa politique environnementale, ni sur d'autres facteurs importants pour les citoyens.