Le conseil municipal de Montréal a résilié, mardi, le désormais célèbre contrat des compteurs d'eau de 356 millions, accordé le 29 novembre 2007 au consortium GÉNIeau formé des entreprises Simard-Beaudry et Dessau. Par contre, il a décidé de ne pas résilier le contrat de 14 millions de la firme BPR, chargée de surveiller les travaux à être réalisés par GÉNIeau et d'apporter son expertise technique à la Ville.

Le contrat de GÉNIeau, qui a tant fait couler d'encre depuis un an, sera officiellement résilié à la prochaine séance du conseil d'agglomération, demain. Cette décision découle des recommandations du vérificateur général de Montréal, Jacques Bergeron, détaillées dans son rapport sur le sujet, rendu public le 21 septembre. Ce rapport décrit comme dévastateur a établi que le processus d'attribution du contrat a été entaché par des irrégularités. Le coût total du projet d'installation de compteurs d'eau dans les industries, les commerces et les institutions a, de plus, été estimé à 618 millions, soit bien loin du prix du projet initial, de 36 millions.La résiliation du contrat prendra effet le 1er mars, compte tenu des 90 jours de préavis prévus au contrat. Cette résiliation oblige la Ville à payer au consortium les dépenses et frais encourus, la valeur des travaux effectués ou des services rendus avant la prise d'effet de l'avis de résiliation. À cette somme, que l'administration ne peut actuellement préciser, s'ajouteront 3,15 millions de dollars représentant 1% de la valeur du contrat.

L'opposition officielle avait déposé, mardi, une motion visant à annuler également le contrat de BPR, la firme qui a eu au départ un mandat de services professionnels pour la réalisation du projet. La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, voulait que ce contrat de BPR soit résilié puisque la surveillance des travaux de GÉNIeau n'était plus nécessaire. Elle proposait qu'on donne un nouveau mandat «en bonne et due forme» à la firme d'ingénieurs.

Mais les élus de Projet Montréal se sont joints à ceux du parti du maire Tremblay, Union Montréal, pour s'opposer à cette motion, estimant que l'on ne peut faire autrement que de poursuivre les travaux avec BPR, étant donné que la Ville n'a pas l'expertise pour les exécuter. La motion de Vision Montréal a été rejetée par 42 voix contre 16.

Une autre motion a ensuite été déposée par Vision Montréal, proposant que la Ville «se dote de l'expertise interne nécessaire dans les plus brefs délais afin de relancer l'installation des compteurs d'eau dans les industries, les commerces et les institutions». Même si le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a estimé que cette déclaration était «prématurée et inutile à ce stade-ci», les élus de son parti (sauf le conseiller du Mile End, Alex Norris), ceux de Vision Montréal et ceux d'Union Montréal ont voté en sa faveur. La motion a été adoptée.

Par ailleurs, le maire Tremblay a décidé de maintenir Michel Labrecque à la présidence de la Société de transport de Montréal (STM), même s'il n'est plus un élu. Louise Harel a condamné cette «astuce» qui fait que M. Labrecque occupera à la fois la présidence et le siège du représentant des usagers. Le maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, trouve que le fait que ce ne soit pas un élu, contrairement à la tradition, qui préside la STM, est anormal car le titulaire du poste de président de la STM devrait être imputable.

Le conseiller Norris a demandé au maire s'il n'y avait pas d'élu compétent dans son parti pour occuper le poste de président de la STM. Le maire a dit avoir brisé une tradition, comme il l'a fait en nommant des membres de l'opposition au comité exécutif. Selon lui, rien n'empêche un non-élu d'être président de la STM, à partir du moment où il est membre du CA. Cette nomination controversée de M. Labrecque doit être entérinée par le conseil d'agglomération, demain.

Le conseil municipal a aussi demandé à l'unanimité au gouvernement Charest de créer une commission d'enquête publique «pour faire toute la lumière sur les allégations de corruption et de malversation dans l'industrie de la construction et particulièrement sur l'aspect de la collusion dans le processus d'octroi des contrats».

Enfin, la longue séance du conseil a aussi permis de constater que le maire d'Anjou, Luis Miranda, a de nouveau exprimé son désaccord par rapport à ses collègues d'Union Montréal. Après avoir dit la veille au réseau TVA qu'il estimait avoir été «abandonné» par le maire Tremblay, il a voté contre une résolution présentée par l'administration municipale. Pourtant, le maire a annoncé, par la suite, la nomination de Luis Miranda au comité exécutif de la Communauté métropolitaine, en compagnie des conseillers Sammy Forcillo, Alan DeSousa et du maire lui-même.