Des ambulances sont coincées chaque jour dans le stationnement des hôpitaux montréalais parce que les urgences n'ont pas de place pour prendre en charge les patients.

Ce sont autant d'ambulances qui ne sont pas sur la route pour répondre aux appels d'urgence.

Ces cas de civières retenues ne datent pas d'hier. Mais la situation est de plus en plus problématique pour la Corporation d'Urgences-santé, révèlent des documents obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Des mois d'avril à octobre 2009, Urgences-santé a dénombré un total de 1786 civières retenues sur le territoire de Montréal et de Laval. Les techniciens ambulanciers font ainsi le pied de grue à l'hôpital avec leur patient, en attendant qu'un lit se libère et que le malade soit pris en charge par le personnel de l'hôpital.

Chaque jour, en moyenne, neuf civières sont retenues de la sorte dans la métropole. Chaque fois, les techniciens ambulanciers doivent patienter environ une heure avant d'être libérés.

La situation est particulièrement problématique à la Cité de la santé de Laval, où les civières sont retenues de huit à dix fois plus souvent que dans tous les autres hôpitaux qui se trouvent sur le territoire desservi par Urgences-santé.

Le sommet a été atteint à la fin du printemps. Entre le 26 avril et le 23 mai dernier, les ambulances ont été retenues à la Cité de la santé de Laval à 202 reprises, pour une moyenne de 70 minutes chaque fois.

Pour la même période, on dénombre une moyenne de 22 civières retenues pour chacun des hôpitaux montréalais où la situation s'est produite.

Après la Cité de la santé, c'est à l'hôpital du Sacré-Coeur et à l'hôpital Santa Cabrini où les techniciens ambulanciers se plaignent régulièrement de devoir attendre pour que leur patient soit pris en charge.

«On est là, on attend et ce sont des pertes sèches, déplore le président du Syndicat du préhospitalier Montréal-Laval, Réjean Leclerc. Le problème est que si une ambulance attend et qu'une autre arrive, elle va attendre aussi. C'est un effet domino.»

Les conséquences sur le terrain sont importantes. Il arrive qu'il n'y ait plus d'ambulance disponible sur la route pour répondre à un appel d'urgence ou qu'elle doive partir de plus loin, entraînant un délai dans les temps de réponse.

Les conditions de travail sont aussi plus difficiles. Les pauses repas sont escamotées et les quarts de travail se terminent plus tard que prévu, car sitôt libérés, les techniciens ambulanciers doivent répondre à un autre appel.

Même si les civières retenues demeurent peu nombreuses comparativement au volume d'appels faits chaque jour à Urgences-santé, la question préoccupe la direction.

En mars dernier, une nouvelle directive a d'ailleurs été envoyée aux employés de façon à pouvoir comptabiliser ces civières retenues de façon systématique, ce qui n'était pas le cas auparavant.

À la Cité de la santé de Laval, où le problème semble pire qu'ailleurs, on se dit également conscient du problème. «Nous travaillons avec Urgences-santé pour régulariser la situation», explique le porte-parole, Mathieu Vachon.

Depuis deux ans, l'hôpital reçoit davantage de transports ambulanciers, ce qui explique en partie la situation, ajoute M. Vachon. «C'est un effet domino et le problème ne vient pas nécessairement des urgences. C'est un problème d'hôpital.»

- Avec la collaboration de William Leclerc