Michel Béliveau, ex-directeur général du Parti libéral du Canada et un des acteurs du scandale des commandites en 1997, a repris du service. Il s'occupe de la campagne de la candidate libérale dans Saint-Maurice, Céline Trépanier, a appris La Presse.

Son rôle exact est plutôt flou. En entrevue, Mme Trépanier a affirmé qu'il s'agit d'un « ami de longue date » à qui elle a demandé «un coup de main». «Il a de l'expérience. Je lui ai dit : "Michel, viens à l'occasion donner un coup de main, définir les étapes de la campagne, pour le pointage." C'est un bénévole dans l'âme, qui en fait énormément dès qu'il y a un projet à Shawinigan. Il a tellement de vécu en politique.»

M. Béliveau, insiste-t-on dans l'organisation libérale, «ne figure pas dans l'organigramme».

Cette description fait sourire deux sources bien informées, proches des milieux politiques dans la circonscription. «Disons qu'un organigramme, ça s'efface et ça se réimprime..., dit l'une d'elles. Il est beaucoup plus au centre de la campagne que ce qu'on dit chez les libéraux. C'est lui qui embauche. Et qui désembauche.»

«Il en mène large, c'est plus qu'une aide ponctuelle», affirme une autre source.

Le sage, le penseur

Chez les adversaires péquistes, un organisateur temporise. «Tout le monde le connaît ici, même si on n'est pas du même bord. Michel Béliveau, c'est le sage, le penseur derrière les jeunes dynamiques de l'équipe de Mme Trépanier. C'est un homme de bon conseil pour eux.»

Du côté du PLQ, après vérifications, on affirme que le rôle de M. Béliveau dans la campagne libérale dans Saint-Maurice est minime. «On m'a certifié qu'il n'était pas impliqué, dit le directeur des communications Michel Rochette. Il était à l'ouverture du local la semaine dernière, et j'imagine que c'est là que beaucoup de gens l'ont vu. Mais son seul lien avec la candidate, c'est un lien d'amitié.»

Il a été impossible pour La Presse de joindre M. Béliveau, en voyage à Toronto depuis une semaine, précise le porte-parole libéral. « Il n'est même pas physiquement au Québec, ce serait difficile pour lui d'être impliqué ! »

Michel Béliveau, organisateur de comté pour Jean Chrétien de 1984 à 2000, est au coeur d'un des épisodes les plus marquants de la commission Gomery. Il avait avoué en 2005 avoir reçu entre 75 000$ et 100 000$ en billets de 20$ et 100$ de Jacques Corriveau, un organisateur libéral proche de Jean Chrétien. M. Corriveau aurait également accepté de verser quelque 200 000$ supplémentaires pour venir en aide aux candidats libéraux dans des circonscriptions bloquistes. À titre de directeur général de l'aile québécoise du PLC, M. Béliveau avait également multiplié les demandes en argent au lobbyiste Alain Renaud, qui avait reçu 1,1 million de la firme Groupaction, propriété de Jean Brault.

«Erreurs de jugement»

Dans un témoignage émouvant, M. Béliveau, aujourd'hui âgé de 58 ans, avait alors tenu à prendre tout le blâme devant le juge Gomery pour ses «erreurs de jugement». «Il y avait un certain lien de confiance que j'avais établi avec les membres du conseil de direction (du PLC), a déclaré M. Béliveau. Ce lien de confiance-là, je viens de le briser. Je n'aimerais pas qu'on mette tout le monde dans le même chapeau.»

En novembre 2005, le PLC avait annoncé qu'il bannissait à vie M. Béliveau ainsi que neuf autres organisateurs libéraux blâmés dans le premier rapport du juge Gomery.

La circonscription de Saint-Maurice est détenue par l'adéquiste Robert Deschamps depuis 2007; il l'avait alors remportée avec une majorité de 1294 voix. La circonscription était auparavant représentée depuis 1994 par le péquiste Claude Pinard, qui se représente cette année.