Les Québécois doivent se «méfier» du «couple royal» formé par Jean Charest et Pauline Marois, a prévenu Mario Dumont, hier, annonçant ses couleurs pour le débat des chefs de demain.

Il a profité d'un arrêt en Beauce pour fouetter ses troupes avant de se retirer avec ses conseillers pour préparer l'affrontement télévisé. Mais il a surtout accusé ses adversaires de s'adonner à une «valse des milliards» sous forme de promesses électorales coûteuses.

«Méfiez-vous du couple royal Charest-Marois, a-t-il averti dans un discours. Méfiez-vous des promesses de milliards. Méfiez-vous des gens qui, à la veille de la campagne, vous disaient qu'on est en crise financière et qui vous disent maintenant que l'argent coule à flots.»

Le chef de l'ADQ passera les prochaines heures à mémoriser ses textes et à préparer ses répliques aux attaques de ses adversaires. Le député Éric Caire et un autre conseiller se glisseront dans la peau de Jean Charest et de Pauline Marois pour simuler les échanges.

M. Dumont entend profiter du débat pour sommer ses adversaires d'expliquer comment ils réaliseront leurs engagements sans plonger la province dans le rouge.

«Le débat doit leur servir à dire où ils vont prendre l'argent, combien ils vont emprunter sur la tête de nos enfants pour financer leurs promesses, ou encore à quelles promesses il faut s'attendre, comme d'habitude, qu'elles ne se réalisent pas», a dit le leader adéquiste.

Depuis le début de la campagne, l'Action démocratique traîne la patte et a même vu ses appuis diminuer. Un sondage paru samedi dans The Gazette ne lui accordait que 12% des intentions de vote. Avant le déclenchement des élections, le parti récoltait 17% des appuis.

Un débat crucial

Le débat des chefs est donc la dernière chance qu'aura l'ADQ d'intéresser les Québécois à la campagne électorale, a récemment confié un collaborateur de Mario Dumont. Le chef a maintes fois appelé les Québécois à punir Jean Charest pour avoir déclenché des élections à des fins partisanes.

Mais même ses candidats reconnaissent que le désintérêt des électeurs mine les chances du parti. «Le gros problème qu'on va avoir dans cette campagne électorale, c'est de faire en sorte que les gens aillent voter, a confirmé le député sortant de Beauce-Nord, Janvier Grondin. Les gens ne voulaient pas d'élections, ils nous disent: «On n'ira pas voter.»»

Mario Dumont affirme qu'il aspire toujours au poste de premier ministre, mais M. Grondin est prêt à passer les quatre prochaines années dans l'opposition. «Ça fait six ans que je suis dans l'opposition, je m'arrange très bien, a-t-il dit. Les citoyens de Beauce-Nord n'ont jamais été pénalisés à cause de ça.»

Le début des «séries»

Après trois semaines de campagne, le chef adéquiste a emprunté au jargon sportif en affirmant que les «séries éliminatoires» commencent. «Ce n'est pas perdu, comme première moitié de campagne, a-t-il soutenu. Au contraire, on a établi des choses très importantes.»

Les Québécois ont découvert que l'ADQ est le seul parti qui s'engage à réaliser son programme électoral sans creuser un déficit ou alourdir la dette, a clamé M. Dumont. Le parti propose en effet de financer sa plateforme en réduisant d'un milliard les subventions aux entreprises, en réduisant le nombre d'employés de l'État et en privatisant une partie d'Hydro-Québec.

Le PQ propose pour sa part de plonger la province en déficit pour deux ans. Et le cadre financier des libéraux a été vertement critiqué de l'opposition parce qu'il ne tient pas compte des pertes de la Caisse de dépôt et placement.