Le discours à la nation du premier ministre Stephen Harper relève d'une «rhétorique qui divise les gens», estime Jean Charest. Le chef libéral se porte à la défense du Bloc québécois qui, selon lui, fait l'objet de «procès d'intention» de la part des conservateurs.

M. Charest a réagi brièvement mercredi soir au discours du premier ministre Stephen Harper, qui a affirmé que «le gouvernement du Canada ne peut pas partager le pouvoir avec un parti souverainiste» et que l'unité du pays est menacée. «La rhétorique qui divise les gens, ce n'est pas ce dont le Québec a besoin», a affirmé M. Charest. En après-midi, il a souligné que les députés bloquistes jouissent de la même «légitimité» que les autres élus fédéraux. Il faut «respecter» le vote exprimé par 1,37 million d'électeurs en faveur du Bloc québécois, a-t-il ajouté.

«Je vis dans une société où les gens peuvent être fédéralistes ou souverainistes, mais ils se respectent. La même chose devrait être vraie dans le parlement fédéral. On n'a pas à faire de procès d'intention à quiconque parce qu'il défend une position ou une autre.»

Selon lui, «le sentiment de Quebec bashing qu'on retrouve ailleurs au Canada, c'est complètement inutile dans un contexte où on a un enjeu économique majeur».

Contrairement à ce que dit Stephen Harper, l'unité canadienne n'est pas en cause dans la crise à Ottawa, estime M. Charest.

La fin du fédéralisme d'ouverture, dit Marois

Pour Pauline Marois, «les masques sont tombés» mercredi soir. «M. Harper, qui aurait dû, à mon point de vue, tendre la main et essayer de trouver une voie de solution, a simplement réitéré ce qu'il a déjà dit au moment de son énoncé budgétaire, qui était davantage un énoncé politique et dogmatique.»

La chef péquiste juge que M. Harper a «provoqué lui-même» la crise et «n'a pas été capable d'entendre le point de vue des Québécois». «Ça signifie pour moi la fin du fédéralisme d'ouverture qu'il avait voulu manifester, et ce n'était que des beaux mots que cette idée de reconnaître la nation québécoise. Ça s'accompagne en plus d'une sorte de Quebec bashing totalement inacceptable», a-t-elle ajouté.

«Le fond du baril»,lance Dumont

Selon Mario Dumont, «le Parlement canadien a touché le fond du baril. Les quatre chefs se sont calés un peu plus creux dans des positions qui ne sont pas conciliables. Convoquer l'ensemble de la population devant leur téléviseur parce qu'on a quelque chose d'important à lui dire, c'est majeur. Quand on n'a rien à dire, c'est plate. C'est malheureusement ce qui s'est produit.»

Le chef adéquiste s'est aussi dissocié de la stratégie de Stephen Harper de transformer cette crise politique à Ottawa en une question d'unité nationale. «C'est une chose de constater des couples nouveaux et surprenants, c'en est une autre de traiter les députés différemment selon leur allégeance une fois qu'ils ont été dûment élus par leur population», a-t-il dit.