La défaite a toutes les apparences d'un triomphe pour Pauline Marois. Elle a été accueillie avec éclat par ses militants, après que le PQ fut devenu la plus forte opposition officielle depuis la Révolution tranquille. Les libéraux formeront un gouvernement majoritaire, mais l'entourage de Mme Marois s'est félicité d'avoir remporté une «victoire morale».

La chef péquiste a eu droit à une ovation monstre lorsqu'elle est montée sur la scène du théâtre Olympia. Au moment de mettre sous presse, les libéraux s'accrochaient à leur majorité avec 66 sièges, comparativement à 51 pour le PQ, sept pour l'ADQ et un pour Québec Solidaire.

«Lors de mon arrivée, je vous ai promis que nous rebâtirions ensemble le grand parti des Québécois, a-t-elle déclaré. Et ce soir, ce sont eux qui nous le disent : le Parti québécois est de retour.»

Le PQ retrouve son statut de l'opposition officielle, perdu aux mains de l'ADQ en 2007. Ce statut rapportera 1 million supplémentaire par année au parti pour financer ses activités parlementaires.

Aux dernières élections, le PQ avait subi sa pire dégelée depuis 1970 avec 28 % des votes. Il n'avait gagné que 36 sièges. Et les derniers sondages parus en fin de semaine le plaçaient loin derrière les libéraux.

Après avoir passé la soirée en compagnie de son mari Claude Blanchet et de ses plus proches conseillers, la leader souverainiste a admis que les résultats «ont de quoi surprendre». «Je vous mentirais si je vous disais qu'on s'attendait à un résultat aussi bon au chapitre des circonscriptions, a confié Bernard Drainville, réélu dans Marie-Victorin. On obtient quand même plus de circonscriptions que ce que nous donnaient les sondages.»

Soirée fertile en émotions

La soirée avait pourtant mal commencé pour les péquistes. Lorsque les réseaux de télévision ont annoncé que le prochain gouvernement serait formé par le Parti libéral, peu après 20 h, les militants du PQ commençaient à peine à prendre place dans le parterre de l'Olympia. Les quelques dizaines de personnes déjà arrivées ont accueilli la nouvelle avec un silence de glace.

Mais les supporteurs ont vite retrouvé leur bonne humeur. La salle a carrément explosé, vers 21 h, quand le décompte a brièvement laissé entrevoir un gouvernement libéral minoritaire.

Pour le reste de la soirée, une foule bruyante a entretenu l'espoir de voir Jean Charest perdre sa majorité à l'Assemblée nationale. Un concert d'applaudissements résonnait chaque fois que les réseaux annonçaient l'élection d'un nouveau candidat péquiste.

«Nous prévoyions gagner si nous avions eu une semaine de plus, a affirmé Maka Kotto, député élu dans Bourget. N'eût été les frasques d'Ottawa, je pense que nous aurions été plus loin que ce soir.»