(Québec) Le ministre de l’Environnement s’engage à rencontrer des parents du quartier Limoilou qui s’inquiètent de la nouvelle norme sur le nickel dans l’air, que le gouvernement veut instaurer pour attirer des investissements liés à la « transition énergétique ».

La Ville de Québec, qui partage ces inquiétudes, a par ailleurs demandé officiellement jeudi de conserver sur son territoire l’ancienne norme plus sévère si le gouvernement va de l’avant.

« Nous avons une réelle intention de rencontrer les parents de Limoilou. Nous regardons le meilleur moment pour tenir cette rencontre », indique l’attachée de presse du ministre Benoit Charette, Rosalie Tremblay-Cloutier.

Le ministre de l’Environnement a par ailleurs convoqué les médias pour une annonce « concernant la qualité de l’air dans la Basse-Ville de Québec », qui aura lieu vendredi matin.

L’Assemblée nationale a adopté jeudi à l’unanimité une motion de Québec solidaire qui demandait au ministre de rencontrer les « parents de Limoilou ». Ces parents sont en fait un collectif informel « pour un air sain » qui entend déposer un mémoire au gouvernement du Québec. Plus de 650 personnes l’ont déjà signé.

« À force d’en parler à l’épicerie, à l’école, à la pharmacie, on s’est mis en ensemble et on a rédigé un mémoire », explique le Limoulois Sébastien St-Onge. « J’ai promis à mes filles d’agir. »

« Moi, j’irais rencontrer le ministre. Ça nous intéresse. On veut un espace constructif. Je n’ai pas envie de diaboliser le gouvernement. Mais nos craintes sont réelles », dit M. St-Onge, qui n’a pas encore été contacté par le cabinet du ministre.

Le gouvernement Legault va modifier les normes sur le nickel dans l’air au bénéfice de l’industrie. La limite pour les particules dans l’air doit passer de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m⁠3) quotidiennement.

Or, le quartier Limoilou, à Québec, est le secteur le plus touché de la province par le nickel dans l’air. C’est là que la plupart des dépassements, sinon tous, ont été constatés. Le quartier est bordé par l’incinérateur de déchets et les activités de transbordement de nickel au port de Québec.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

L’Assemblée nationale a adopté jeudi à l’unanimité une motion de Québec solidaire qui demandait au ministre de rencontrer les « parents de Limoilou ».

Des dépassements « fréquents et problématiques »

Depuis 2018, la norme de 14 nanogrammes a été dépassée une cinquantaine de fois. La nouvelle norme beaucoup plus permissive aurait, elle, été dépassée une vingtaine de fois.

« Même avec la nouvelle norme élevée, on aurait des dépassements assez fréquents et problématiques. Ça nous préoccupe. Il faut prendre le temps nécessaire », a expliqué jeudi le maire de Québec.

Bruno Marchand a rendu public le mémoire de 227 pages de la Ville de Québec. Les élus de Québec s’opposent unanimement à la nouvelle norme. La Ville demande maintenant au gouvernement de ne pas l’adopter, ou de prévoir une exception pour la capitale.

La norme actuelle de 14 ng/m⁠3 sur une base quotidienne est l’une des plus sévères au monde. La nouvelle norme de 70 se rapprocherait de celle de l’Ontario (100 ng/m3).

Un haut fonctionnaire du gouvernement a récemment expliqué que le gouvernement avait entre autres été motivé à modifier la norme pour attirer des investissements.

« Derrière ça, il y a le fait de pouvoir attirer des investisseurs internationaux dans des projets liés à la transition énergétique, à l’électrification des transports. Tout ça motive en partie la démarche actuelle », a noté Jacob Martin-Malus, du ministère de l’Environnement, lors d’une rencontre avec les médias.