(Vancouver) Avec des milliers de poissons morts, une saison des incendies de forêt prolongée et des pénuries d’eau, tout porte à croire que certaines régions de la Colombie-Britannique sont aux prises avec une sécheresse record.

Les régions du Lower Mainland, de la Sunshine Coast et de l’ouest de l’île de Vancouver connaissent des conditions de sécheresse de niveau 5, soit les plus graves de l’échelle de classification de la province. Sur son site web, la Colombie-Britannique indique qu’à ce niveau, les effets néfastes sont « presque certains ».

Selon le professeur du département des sciences forestières à l’Université de la Colombie-Britannique John Richardson, les conditions actuelles dans certains secteurs sont inhabituelles.

« Ça dure depuis plutôt longtemps. C’est le mois de septembre le plus chaud et le plus sec que nous ayons jamais connu », a-t-il souligné lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne.

Bien qu’Environnement Canada prévoie une possibilité de pluie dans certaines parties de la province lundi, le chef du BC River Forecast Centre, David Campbell, a prévenu que le temps sec pourrait se poursuivre pendant au moins une autre semaine, « voire plusieurs semaines ».

Déjà des impacts

Les conditions de sécheresse ont déjà entraîné des effets négatifs importants, selon des experts de ce domaine.

Des milliers de saumons sauvages ont été retrouvés morts la semaine dernière dans le ruisseau Neekas, qui traverse le territoire Heiltsuk, dans la région côtière centrale de la province.

Le responsable de la conservation pour le département de gestion intégrée des ressources de Heiltsuk, William Housty, avait déjà vu des épisodes de sécheresse causer des décès chez les poissons, « mais jamais à ce niveau ».

« Nous pensons que le taux de mortalité pourrait atteindre 100 % pour les saumons qui se trouvaient dans le ruisseau. C’est tout simplement inouï à cette période de l’année que nous n’ayons pas de pluie », a-t-il mentionné.

Les marées hautes et les pluies abondantes plus tôt dans la saison ont permis au saumon d’entrer dans la rivière, a expliqué M. Housty, mais les semaines de sécheresse suivantes ont asséché les cours d’eau et empêché les poissons de fuir.

Les niveaux d’oxygène ont aussi chuté, la température de l’eau a augmenté, ce qui a inévitablement augmenté le taux de mortalité.

Pendant ce temps, le district régional de Sunshine Coast a retardé l’ouverture d’une patinoire locale après que le gouvernement a mis en place des restrictions sur l’utilisation de l’eau, craignant qu’il n’y en ait pas assez pour les maisons, la protection contre les incendies et l’hôpital Sechelt.

Le BC Wildfire Service a également publié un communiqué avant la longue fin de semaine de l’Action de grâce exhortant les gens à faire preuve de prudence et à rester vigilants pour prévenir les incendies. Le gouvernement a interdit les feux à ciel ouvert dans une grande partie de la province.

« Le temps chaud et sec prolongé va étendre la saison des incendies de forêt en Colombie-Britannique jusqu’à l’automne », peut-on lire dans le communiqué.

Dimanche, plus de 185 incendies de forêt brûlaient toujours dans la province.

Risques d’inondation

La sécheresse n’est certainement pas idéale, mais le retour de la pluie pourrait aussi avoir des conséquences.

M. Richardson a averti que, même lorsque la pluie reviendra, les conditions sèches pourraient créer des risques d’inondation plus importants.

« Les sols se sont asséchés, donc ils deviennent hydrophobes. Lorsqu’ils retrouvent de l’humidité, il faut un certain temps pour que l’eau s’imprègne naturellement, a-t-il expliqué.

« Au départ, c’est très résistant et l’eau ruisselle à la surface, ce qui entraîne beaucoup d’érosion. »

Toutefois, les inondations sont un scénario catastrophe qui nécessiterait également de fortes précipitations en peu de temps, a nuancé M. Richardson.

« L’idéal serait qu’il y ait de la bruine ou de la faible pluie pour que les sols aient le temps de se réhydrater graduellement », a-t-il ajouté.