Après un bras de fer qui dure depuis près de 10 ans, Québec vient d’ordonner au club naturiste Adam et Ève de cesser des travaux illégaux en milieux humides et de restaurer les zones détruites depuis 2014.

Le club naturiste a réalisé de nombreux travaux en milieux humides au cours des dernières années, sans obtenir au préalable les autorisations nécessaires en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).

L’entreprise a notamment effectué des travaux d’excavation à bon nombre d'endroits, elle a aménagé un chemin de 3,2 km en plus de creuser des fossés de drainage, de remblayer partiellement un étang, et a ajouté des emplacements de camping en milieux humides sans autorisation.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a adopté une ordonnance en vertu de la LQE afin que le Club naturiste Adam et Ève ltée cesse « tous travaux ou interventions en milieux humides » et qu’il procède à la remise en état des milieux détruits.

Cette ordonnance fait suite à une inspection réalisée en novembre dernier qui a permis de constater que des travaux supplémentaires avaient été réalisés en milieux humides sans autorisation du Ministère.

« Étant donné les superficies des milieux touchés ainsi que l’absence de collaboration de l’entreprise, le recours approprié à ce stade-ci est l’ordonnance no 716, imposée en vertu de l’article 114 de la LQE », a indiqué le Ministère dans un communiqué de presse publié vendredi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le club naturiste Adam et Ève

Le club naturiste qui appartient à Gilles Chantal depuis près de 50 ans accumule les infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement depuis des années.

Des amendes totalisant 65 000 $

Malgré la délivrance d’un avis de non-conformité et l’imposition d’une sanction administrative pécuniaire de 5000 $, l’entreprise n’a pas donné suite aux demandes de correctifs du ministère de l’Environnement. Des travaux illégaux se sont notamment poursuivis à de nombreuses reprises en 2022.

En juillet 2022, l’entreprise a également été condamnée par la Cour supérieure du Québec à verser des amendes totalisant 60 000 $ pour des infractions à la LQE. Le Ministère indique par ailleurs qu’une autre enquête pénale est en cours dans ce dossier.

Le 21 juin 2022, une première ordonnance a été transmise au club naturiste afin qu’il cesse pour une période de 90 jours tous travaux en milieux humides en contravention avec la loi. L’entreprise a fait fi de l’ordonnance et a réalisé d’autres travaux illégaux dans les mois qui suivent, selon le Ministère.

Le club naturiste Adam et Ève a été informé le 19 janvier dernier qu’une nouvelle ordonnance était en voie d’être prise, et son propriétaire avait alors un délai de 15 jours pour transmettre ses commentaires au Ministère. L’entreprise n’a offert aucune réponse.

La Presse a tenté de joindre Gilles Chantal, propriétaire du camping, pour lui permettre de donner sa version des faits. « Je n’ai pas un mot à dire, je ne vous connais pas. Je ne vous vois pas au téléphone. Appelez mon avocat », a indiqué un homme qui a refusé de s’identifier.

En 2017, dans une entrevue au quotidien Le Nouvelliste, le fondateur de la Fédération québécoise de naturisme, Michel Vaïs, avait déclaré que le club naturiste était davantage un club échangiste qu’un club naturiste.

Un centre naturiste n’est pas un prétexte pour proposer des échanges sexuels. Ce que je comprends de leur publicité, c’est que c’est un camping échangiste et non pas naturiste. Leurs pratiques sont très éloignées de celles de la fédération.

Michel Vaïs, fondateur de la Fédération québécoise de naturisme

À l’été 2017, un triangle amoureux aurait mal tourné au camping, menant à la mort de trois personnes. Suzanne Gareau, 50 ans, et Rodrigue Tremblay, 77 ans, auraient été tués par Denys Carpentier, 76 ans. Le corps du présumé meurtrier a été retrouvé à côté des deux victimes. Une arme de type revolver a été retrouvée sur les lieux par la Sûreté du Québec.

Selon Radio-Canada, Mme Gareau venait d’emménager avec M. Tremblay. Selon des témoignages de résidants du camping, le présumé meurtrier, Denys Carpentier, était connu pour ses comportements jaloux.