La province a beau être tapissée de voies cyclables, il reste encore du chemin pour convaincre les Québécois de rouler du point A au point B, été comme hiver. Afin de donner un élan aux citoyens, Vélo Québec met en compétition municipalités, organisations et universités pour décrocher des certifications « or, argent ou bronze ». C’est le mouvement Vélosympathique, dont voici quelques gagnants.

Certification argent : Verdun

À peine la belle saison et déjà les piétons et les cyclistes circulent à plein régime rue Wellington, dans Verdun, cette artère piétonne estivale en tête du palmarès des rues les plus cool au monde du magazine Time Out. Dans le lobby de la mairie, à un jet de pierre d’une nouvelle bande cyclable, une plaque honorifique informe les citoyens que l’arrondissement a décroché la certification argent.

« C’est assez costaud comme processus pour mériter une certification », lance à La Presse le chef de la division de l’urbanisme, Sylvain Thériault.

Cycliste – de son propre aveu un « hurluberlu » roulant beau temps, mauvais temps –, le responsable du développement de Verdun a embarqué les élus dans le mouvement. Il explique que l’arrondissement a dû répondre avec succès à 140 questions au nom de la collectivité avant de décrocher le titre.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Benoit Gratton, élu municipal de Verdun

Benoit Gratton, élu de l’arrondissement, un converti, affirme que jusqu’à 1200 cyclistes transitent durant les mois de septembre et octobre sur la bande cyclable de la rue de Verdun, qui traverse tout le territoire. L’arrondissement en est à l’étape d’offrir des cours de vélo à la population, notamment aux enfants et aux femmes migrantes. Dans 76 % des rues de Verdun, la vitesse a été réduite à 30 km/h, ajoute-t-on.

« Pour résumer, nous sommes entourés de traverses piétonnes, de saillies de trottoirs, de supports à vélos. Les gens se sont habitués à ces mesures. Ce qu’on veut faire maintenant, c’est permettre à nos écoliers de cinq établissements d’aller en classe à vélo, de façon sécuritaire. Idéalement, dans l’optique du vélo utilitaire, on aimerait lier le canal de l’Aqueduc au fleuve, en passant par la nouvelle station du REM, jusqu’à l’île des Sœurs. »

Mouvement Vélosympathique

Le mouvement Vélosympathique doit sa naissance au programme Bicycle Friendly America, né en 1980 aux États-Unis, visant des « rues sécuritaires pour tout le monde », explique Louis Lalonde, chargé de projets chez Vélo Québec.

« On a adapté le programme à la réalité québécoise. L’idée est d’utiliser le vélo pour aller au travail, mais aussi pour les déplacements de tous les jours. On travaille à une culture du vélo. Dans notre jury indépendant, il y a des architectes, urbanistes, mais également un responsable de la santé publique. »

Mention honorable : hôpital du Sacré-Cœur du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Le Dr Éric Notebaert, vice-président de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), raconte qu’il s’éclaire comme un arbre de Noël afin de pouvoir rouler la nuit, en toute sécurité, à la fin de ses quarts de travail. C’est un passionné. Lui et son équipe ont implanté différentes mesures, dont l’aménagement d’un enclos sécurisé de vélos et des douches qui ont valu une mention honorable à l’hôpital du Sacré-Cœur du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Résultat : 10 % des employés se rendent à l’hôpital à vélo, dit-il.

« Le transport actif sert à prévenir le diabète, l’anxiété, c’est aussi une façon de lutter contre les îlots de chaleur, explique le DNotebaert. Dans notre cas, ce n’est qu’un début. On travaille à cartographier le territoire d’Ahuntsic pour offrir des déplacements sécuritaires entre les hôpitaux Jean-Talon, Sacré-Cœur et Fleury. Il reste des intersections à sécuriser, il y a du travail à faire à ce niveau. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Vélostation au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke

Certification bronze : Université de Sherbrooke

Loin d’être en reste, l’Université de Sherbrooke a décroché une certification bronze dans la catégorie campus. Supports à vélos, borne de réparation de vélos en libre-service, douches, vélostation et stationnement sécurisé ; la liste est longue. Patrice Cordeau, vice-recteur adjoint au développement durable, et Judith Beaudoin, conseillère en mobilité durable, parlent d’un travail amorcé il y a 10 ans.

« Avant, je ne croisais aucun cycliste quand je venais travailler à vélo l’hiver, raconte Mme Beaudoin. Aujourd’hui, il n’y a pas un seul matin où je n’en croise pas un. On a commencé à offrir des prêts de vélos électriques, et on a cinq vélos d’hiver, avec des clous, garde-fous, des phares avant. Ce n’est pas la météo, le problème, ce sont les aménagements, la sécurité. »

M. Cordeau ajoute que l’université ne manque aucune occasion de promouvoir le vélo, notamment en février, durant la Journée internationale du vélo d’hiver. « Le jury est exigeant, mais on vise l’or, précise le vice-recteur. Il y a tout l’aspect sécuritaire. C’est long développer une culture cycliste. »

Impact majeur sur la santé

En plus de contribuer à atteindre les cibles de carboneutralité, le transport quotidien à vélo a un impact majeur sur la santé, rappelle le DMartin Juneau, cardiologue et directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal. « La fréquence cardiaque grimpe moins à vélo qu’en course à pied, mais c’est une activité physique plus douce pour les articulations. Elle prévient l’ostéoporose. » Il cite plusieurs études, notamment européennes, démontrant que le vélo est bénéfique pour les personnes atteintes du diabète de type 2.

Lors de la publication de ce texte, il était indiqué que le Dr Éric Notebaert est vice-président de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME). Il s’agit plutôt de l’Association québécoise (AQME). Nos excuses.

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