Ottawa a annoncé lundi la tenue de consultations à l’échelle du pays afin de préparer le plan d’action du fédéral en matière de biodiversité. Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a aussi réitéré sa volonté de présenter un projet de loi-cadre sur la biodiversité d’ici la fin de l’année.

« Plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature, a affirmé lundi le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. Nos ambitions [pour protéger la nature] doivent se traduire par des gestes concrets », a-t-il répété au cours d’une conférence de presse où il a annoncé la tenue de consultations où « les Canadiens sont priés de donner leur point de vue sur les priorités entourant la biodiversité ».

Rappelons que le Canada s’est formellement engagé à protéger 30 % de son territoire terrestre et marin d’ici 2030 à la dernière COP15 sur la biodiversité qui s’est tenue à Montréal en décembre dernier.

Le ministre a signalé que son équipe « a déjà commencé à travailler sur un projet de loi [sur la biodiversité] ». Celui-ci devrait être déposé d’ici la fin de l’année 2023 ou au plus tard au début de 2024. « Nous avons déjà une loi-cadre sur les changements climatiques. Nous devons absolument avoir le même genre de loi-cadre pour la biodiversité », a-t-il plaidé.

À l’instar de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité (LCRMC), la prochaine législation sur la biodiversité établira des mécanismes de réédition de compte du gouvernement fédéral. Signalons que la LCRMC oblige Ottawa à fixer des objectifs nationaux de réduction des gaz à effet de serre tous les cinq ans.

Selon Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat à Nature Québec, le plus grand défi d’Ottawa sera celui de la cohérence. « Ça va prendre un niveau d’ambition inégalée, mais aussi une cohérence sans faille », a-t-elle rappelé au ministre de l’Environnement.

En avril, le commissaire à l’environnement et au développement durable, Jerry DeMarco, a dévoilé cinq rapports clés qui critiquaient sévèrement Ottawa pour le manque d’actions « fortes » face à la crise climatique et au déclin de la biodiversité au pays. « L’histoire du Canada, c’est beaucoup de mots, beaucoup de plans et pas assez d’action », a déclaré le commissaire DeMarco au moment de présenter ses rapports.

« Si je suis venu en politique, c’est pour en faire plus », a répondu Steven Guilbeault, signalant que selon lui, « pendant 10 ans, au Canada, rien n’a été fait ». « Nous ne sommes jamais donnés les moyens de le faire », a-t-il ajouté en guise de réponse aux critiques du commissaire à l’environnement et au développement durable sur le manque d’action dans la lutte contre les changements climatiques et face au déclin de la biodiversité.

Énumérant plusieurs investissements récents du fédéral en matière d’environnement, le ministre a précisé que le Canada a amélioré son bilan. « On se donne des plans, on se donne des moyens et on les met en œuvre », dit-il.

« Nous sommes en mode rattrapage », a cependant admis M. Guilbeault, reconnaissant notamment qu’en 2015, seulement 1 % de la superficie des océans au Canada était protégée. Cette proportion est depuis passée à 14 %, alors que la cible d’ici 2030 est de 30 % d’aires protégées océaniques.

Le ministère fédéral de l’Environnement a publié lundi sur son site web un document portant sur la stratégie canadienne pour la biodiversité. Un sondage en ligne est aussi disponible et sera accessible pour les deux prochains mois.

Consultez le document Vers une stratégie canadienne 2030 pour la biodiversité Accédez au sondage en ligne
En savoir plus
  • 2 milliards d’arbres
    Dans l’un de ses rapports dévoilés en avril, le commissaire à l’environnement et au développement durable a indiqué qu’« il est peu probable que le programme […] atteigne ses objectifs, à moins que des changements importants soient apportés ».
    Source : commissaire à l’environnement et au développement durable
    50 %
    Selon le commissaire à l’environnement et au développement durable, plus de la moitié des plans d’action nécessaires au rétablissement de plusieurs espèces menacées au pays n’ont toujours pas été produits.
    Source : commissaire à l’environnement et au développement durable