Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, dit attendre un rapport des scientifiques de son ministère avant de prendre une décision pour le prolongement du boulevard Béliveau, à Longueuil.

Le parachèvement de ce tronçon a été interrompu par l’adoption d’un décret d’urgence fédéral en 2021 afin de protéger l’habitat essentiel de la rainette faux-grillon, une espèce menacée au Canada et au Québec. Au moment de l’annonce d’Ottawa, les travaux de prolongement du boulevard étaient réalisés à 75 %.

Le chantier avait été autorisé par le ministère québécois de l’Environnement en vertu de simples déclarations de conformité, une procédure moins contraignante qu’une demande d’autorisation ministérielle. Le Ministère n’avait pas tenu compte non plus d’un avis faunique de l’ancien ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) qui était défavorable au projet soumis par l’ancienne administration de la Ville de Longueuil.

Longueuil a annoncé il y a quelques semaines son intention de terminer le prolongement du boulevard en respectant l’avis faunique du MFFP. Le document signalait que si le projet devait aller de l’avant, « des adaptations et des mesures importantes doivent être ajoutées au projet afin de réduire les impacts et de garantir une meilleure connectivité [pour l’espèce] ».

« En plus du passage pour la grande faune, un deuxième passage, plus spécifique aux besoins de la rainette faux-grillon de l’Ouest, devrait être aménagé dans un secteur où la connectivité hydrique naturelle est présente », ajoutait le biologiste du MFFP, Étienne Drouin. Le document ne donnait pas plus de détails cependant sur le type de passage à aménager.

La Ville de Longueuil devra demander un permis au ministère de fédéral de l’Environnement puisque le secteur est toujours protégé par un décret d’urgence. Dans son état actuel, le prolongement du boulevard Béliveau ne permet pas d’aménager un passage qui serait propice à la rainette faux-grillon, une minuscule grenouille qui mesure moins de 3 cm, estime Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs au Québec.

« Les aménagements proposés doivent être scientifiquement fondés. Le concept d’un boulevard surélevé créant un large corridor au niveau du sol n’affectant pas l’hydrologie de surface pourrait être une alternative crédible », indique M. Branchaud.

S’il y a encore des rainettes, c’est évident qu’on ne peut pas [autoriser le projet] 

Le ministre de l'Environnement Steven Guilbault en réponse à une question de La Presse

Au moment de l’annonce de son intention de terminer les travaux du boulevard Béliveau, la Ville de Longueuil avait précisé être « en discussion constante avec ECCC [Environnement et Changement climatique Canada] afin de répondre aux plus hauts standards de protection de l’espèce et ainsi obtenir le permis conséquent ».