Le réchauffement climatique d’origine humaine a rendu le mois de juillet plus chaud pour quatre habitants de la planète sur cinq, et plus de deux milliards de personnes ont ressenti chaque jour une chaleur accrue par le changement climatique, selon une étude éclair.

Plus de 6,5 milliards de personnes, soit 81 % de la population mondiale, ont transpiré pendant au moins une journée où le changement climatique a eu un effet significatif sur la température quotidienne moyenne, selon un nouveau rapport publié mercredi par Climate Central, une organisation scientifique à but non lucratif qui a trouvé un moyen de calculer l’ampleur de l’impact du changement climatique sur la météo quotidienne.

« Nous sommes réellement confrontés à un changement climatique à peu près partout », a prévenu Andrew Pershing, le vice-président de Climate Central chargé des sciences.

Les chercheurs ont examiné 4711 villes et ont trouvé des empreintes du changement climatique dans 4019 d’entre elles pour le mois de juillet ― qui, selon d’autres scientifiques, est le mois le plus chaud jamais enregistré. La nouvelle étude a calculé que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel avait multiplié par trois la probabilité qu’il fasse plus chaud au moins un jour dans ces villes.

Pour deux milliards de personnes, dans une zone essentiellement tropicale du globe, le changement climatique a multiplié par trois la probabilité d’avoir plus chaud chaque jour du mois de juillet. Il s’agit notamment des villes de La Mecque, en Arabie saoudite, et de San Pedro Sula, au Honduras, qui comptent un million d’habitants.

Selon le rapport, le jour où l’effet du changement climatique a été le plus répandu a été le 10 juillet, lorsque 3,5 milliards de personnes ont connu des chaleurs extrêmes marquées par le réchauffement de la planète. Ce n’est pas le cas de la journée la plus chaude au niveau mondial, qui était le 7 juillet, selon le Climate Reanalyzer de l’Université du Maine.

L’outil de Climate Central calcule que le réchauffement climatique a ajouté deux degrés Celsius à la température ressentie sur une vaste portion du territoire québécois le 7 juillet, notamment à Montréal, Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke. L’augmentation a oscillé entre trois et cinq degrés ailleurs dans la province, notamment dans des secteurs du Bas-Saint-Laurent.

L’étude n’a pas fait l’objet d’une évaluation par les pairs, l’étalon-or de la science, car le mois vient de s’achever. Elle s’appuie sur des méthodes d’empreinte climatique révisées par des pairs, utilisées par d’autres groupes et considérées comme techniquement valables par la National Academy of Sciences. Deux climatologues externes ont déclaré à l’Associated Press qu’ils trouvaient l’étude crédible.

Il y a plus d’un an, Climate Central a mis au point un outil de mesure appelé « Climate Shift Index », qui calcule l’effet éventuel du changement climatique sur les températures à travers le monde en temps réel, en utilisant les prévisions européennes et américaines, les observations et les simulations informatiques.

Pour déterminer s’il y a un effet, les scientifiques comparent les températures enregistrées à celles d’un monde simulé sans réchauffement dû au changement climatique et plus froid d’environ 1,2 degré Celsius, afin de déterminer les chances que la chaleur soit naturelle.

« Nous devrions tous être habitués à ce que les vagues de chaleur individuelles soient liées au réchauffement climatique, a déclaré Gabriel Vecchi, un climatologue de l’université de Princeton qui n’a pas participé à l’étude. Malheureusement, ce mois-ci, comme le montre élégamment cette étude, a donné à la grande majorité des habitants de la planète un avant-goût de l’impact du réchauffement climatique sur les chaleurs extrêmes. »

Les vagues de chaleur dans le sud-ouest des États-Unis, en Méditerranée et même en Chine ont fait l’objet d’une analyse spéciale de la part de World Weather Attribution, qui y a trouvé un signal de changement climatique, mais des endroits comme les Caraïbes et le Moyen-Orient ont des signaux de changement climatique énormes et ne reçoivent pas l’attention nécessaire, a déclaré M. Pershing. Contrairement à l’autre étude, celle-ci a porté sur l’ensemble du globe.