Plusieurs arrondissements montréalais privilégient les toits blancs pour diminuer les îlots de chaleur. Des experts estiment qu’ils peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre les changements climatiques. Des ingénieurs américains viennent d’inventer une peinture plus blanche que blanche.

Ce qu’il faut savoir

Les toits blancs reflètent la lumière du soleil et donc gardent les édifices plus frais.

Les peintures les plus blanches réfléchissent de 80 % à 90 % de la lumière du soleil.

Des ingénieurs américains ont réussi à produire de la peinture réfléchissant 98 % de la lumière du soleil.

« Les peintures blanches actuelles, qui sont utilisées pour les toits blancs, réfléchissent de 80 % à 90 % des rayons du soleil », explique Aljwirah Abdulrahman, un ingénieur des matériaux de l’Université Purdue, en Indiana, qui fait partie de l’équipe honorée l’hiver dernier par l’exposition scientifique du site Gizmodo. « Notre peinture dépasse 98 %. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ PURDUE

Xiulin Ruan, ingénieur mécanique de Purdue, dirige l’équipe ayant mis au point la peinture ultra-blanche.

La peinture blanche de Purdue, dont les performances ont été dévoilées en 2021 dans la revue Applied Materials & Interfaces, devrait aussi être plus durable. « Les toits blancs perdent leur performance avec les années parce qu’ils deviennent gris, dit M. Abdulrahman. C’est en grande partie à cause des dommages causés par les rayons ultraviolets. Notre peinture absorbe beaucoup moins les UV. Alors elle est plus durable. Nous allons publier une étude à ce sujet prochainement. »

L’équipe de l’Indiana a travaillé pendant sept ans pour trouver la bonne recette, à base d’un métal, le baryum. Les peintures blanches actuelles sont à base de titane. « Nous travaillons à la commercialisation de notre peinture avec des partenaires, dit M. Abdulrahman. Selon ce que je comprends, l’utilisation du baryum ne devrait pas entraîner des coûts beaucoup plus élevés par rapport au titane. »

Une peinture moins visqueuse, qui pourrait être utilisée pour des véhicules, est aussi dans le collimateur des chercheurs de Purdue.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE RESEARCHGATE D’ABDULRAHMAN ALJWIRAH

Abdulrahman Aljwirah, ingénieur des matériaux de l’Université Purdue

Ça pourrait diminuer les besoins de climatisation des voitures, des avions, des trains.

Abdulrahman Aljwirah, ingénieur des matériaux de l’Université Purdue

La quête d’une peinture plus blanche date des années 1970. « Au début, les chercheurs essayaient des cristaux photoniques, des structures très fines qui coûtent très cher, dit M. Abdulrahman. Ensuite, on a essayé des structures à plusieurs couches, qui étaient compliquées à produire et ne pouvaient pas être rendues assez minces pour des véhicules. En plus, on ne pouvait pas repeindre un toit blanc, il fallait le remplacer au complet. »

Hiver

Les toits blancs sont assurément dans le vent. En 2014, une étude de l’Université Berkeley a estimé que si tous les toits du monde étaient blancs, cela compenserait les émissions de 15 millions de voitures par année, soit 1 % du total actuel.

Mais un doute subsiste sur l’utilisation des toits blancs dans les climats nordiques, parce que l’hiver, les toits foncés absorbent davantage la lumière du soleil, ce qui diminue les coûts de chauffage.

Au Québec, plusieurs rapports gouvernementaux sur le sujet citent une étude américaine de 2005 du Center for Environmental Innovation in Roofing, un groupe de recherche industriel de Washington, qui proposait une carte des avantages et inconvénients des toits blancs en été et en hiver.

En savoir plus
  • 1000
    Nombre de toitures blanches dans Rosemont–La Petite-Patrie en 2015
    SOURCE : Fondation du Grand Montréal
    4200
    Nombre de toitures blanches dans Rosemont–La Petite-Patrie en 2020
    SOURCE : arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie