Maintenant que le Sommet de l’ambition climatique est terminé à New York, les yeux se tournent vers la COP28 qui aura lieu aux Émirats arabes unis, une conférence au cours de laquelle le ministre de l’Environnement du Canada aura un rôle à jouer plus important que ses homologues des autres pays.

La COP28 sur le climat aura lieu à Dubaï au mois de décembre et la semaine dernière, le ministre Steven Guilbeault a accepté l’invitation du pays hôte pour être « cofacilitateur » du sommet, avec la ministre de l’Environnement de l’Égypte.

« Le président de la COP28 » nous demande « de travailler sur la question de la mise en œuvre des objectifs de l’accord de Paris, mais aussi sur le travail qui a été fait et les engagements qui ont été pris depuis Paris », a expliqué le ministre lors d’un point de presse à New York, jeudi.

« Par exemple, comment atteindre les objectifs ambitieux en matière d’efficacité énergétique, de déploiement des énergies renouvelables », a enchaîné le ministre, et « comment s’assurer que le secteur privé se mobilise dans la lutte au changement climatique », et aussi « comment mobiliser plus d’argent pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique » et « faire face aux pertes et aux dommages » causés par la crise du climat.

Il a expliqué que son rôle de facilitateur consiste en « supporter la présidence de la COP28, l’aider à identifier des pistes de solution, des points de convergence et des consensus sur plusieurs de ces enjeux-là ».

Steven Guilbeault a indiqué qu’il doit commencer rapidement le travail de diplomatie internationale « parce qu’on nous demande de nous rapporter au président de la COP28 d’ici la mi-octobre ».

Le « travail est vraiment en train de débuter, ça sera très intense », a résumé le ministre qui avait un rendez-vous avec le président de la COP28, le sultan Ahmed al-Jaber, jeudi matin à New York.

Ahmed al-Jaber est ministre de l’Industrie à Dubaï et il est aussi patron du géant pétrolier Abu Dhabi National Oil.

Lors du point de presse jeudi après-midi, le ministre Guilbeault a expliqué que la sortie progressive des énergies fossiles fera également partie des négociations importantes pendant la COP28.

Est-ce que le patron d’Abu Dhabi National Oil est en faveur de la sortie progressive des énergies fossiles ?

À cette question, Steven Guilbeault a expliqué qu’il s’était « prononcé en faveur de ça publiquement » en rappelant à La Presse Canadienne une récente déclaration du sultan.

« La réduction progressive des combustibles fossiles est inévitable. La vitesse à laquelle cela se produira dépend de la rapidité avec laquelle nous pouvons mettre progressivement en place des alternatives sans carbone, tout en garantissant la sécurité, l’accessibilité et l’abordabilité énergétique », avait déclaré Ahmed al-Jaber lors d’une conférence en Allemagne au mois de juin, sans toutefois mentionner de délai.

« On ne peut pas faire l’économie de ce débat-là, de cette discussion-là et le Canada est tout à fait prêt à participer et à supporter cette proposition-là », a mentionné le ministre de l’Environnement.

Abu Dhabi National Oil pompe quelque quatre millions de barils de brut par jour et espère atteindre cinq millions quotidiennement.

Des groupes environnementaux s’étaient insurgés de la nomination du patron de cette compagnie à la présidence de la COP28 il y a quelques mois. Harjeet Singh, qui est à la tête de la stratégie politique mondiale au Climate Action Network International, avait indiqué que le fait qu’al-Jaber détient le titre de PDG de l’entreprise pétrolière d’État pose « un conflit d’intérêts sans précédent et alarmant ».

Le sultan al-Jaber a également déjà dirigé un projet autrefois ambitieux de créer une ville « neutre en carbone » de 22 milliards US en périphérie d’Abu Dhabi – une ambition qui avait été freinée par la crise financière mondiale qui a durement frappé les Émirats à partir de 2008.

Aujourd’hui encore, il est président de Masdar, une société d’énergie renouvelable issue du projet et qui est présente désormais dans plus de 40 pays.