Nouvelle contribution au Fonds pour l’adaptation des Nations unies, financement direct d’initiatives dans des pays francophones vulnérables ; le Québec poursuit sur la voie de la diplomatie climatique, mais il ne prévoit pas pour l’instant devancer sa cible de carboneutralité comme le recommande l’Agence internationale de l’énergie.

Québec verse 10 millions de dollars supplémentaires au Fonds pour l’adaptation des Nations unies pour aider les pays en développement à s’adapter aux conséquences des changements climatiques.

Cette aide, annoncée mardi dans le cadre de la conférence climatique internationale Adaptations futures 2023, à Montréal, permettra de financer des investissements en matière de sécurité alimentaire, de gestion de l’eau, d’agriculture durable, de gestion des zones côtières, de réduction des risques de catastrophe ou encore de développement urbain et rural.

« C’est une façon de réitérer l’importance que l’on accorde à l’adaptation et à cette collaboration sur la scène internationale », a déclaré le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, lors de la plénière d’ouverture de la conférence.

Québec devient avec cette aide financière l’État infranational apportant la plus grande contribution au Fonds pour l’adaptation, a souligné son directeur, le Finlandais Mikko Ollikainen, assis à côté du ministre Charette.

« Cela démontre le leadership et l’engagement du Québec à soutenir les communautés les plus vulnérables dans les pays en développement », a démontré M. Ollikainen.

Invitation à la COP28

L’aide annoncée mardi est la quatrième contribution du Québec au Fonds pour l’adaptation, portant son engagement total à 33 millions de dollars [du Canada] ; le gouvernement Legault y avait aussi versé 10 millions de dollars en 2022 et en 2021.

Cette nouvelle contribution vaut d’ailleurs au gouvernement Legault une invitation au « segment de haut niveau » qui réunira les ministres des pays contributeurs au Fonds d’adaptation lors de la 28conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), qui se tiendra à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre prochains.

Le Fonds pour l’adaptation constitue le principal mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) concernant l’adaptation aux conséquences du réchauffement de la planète ; il découle du Protocole de Kyoto.

Depuis son lancement en 2007, il a versé environ un milliard de dollars [des États-Unis] pour financer 150 projets d’adaptation.

Les coûts annuels de l’adaptation dans les pays en développement sont toutefois estimés à 70 milliards de dollars [des États-Unis] par année, un montant qui devrait grimper entre 140 à 300 milliards de dollars en 2030, et entre 280 à 500 milliards en 2050.

Cap sur 2050

Québec n’envisage pas pour l’instant de devancer son objectif d’atteindre la carboneutralité en 2050, même si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) invitait à la fin de septembre les États riches à le faire pour aider les pays vulnérables.

Atteindre « zéro émission nette d’ici 2050 au niveau mondial ne signifie pas zéro émission nette d’ici 2050 pour chaque pays », indiquait l’AIE dans la mise à jour 2023 de sa « feuille de route » pour l’atteinte de la carboneutralité, expliquant que les économies avancées devront y parvenir plus tôt afin de donner plus de temps aux économies émergentes et en développement pour le faire.

Le ministre Charette se concentre d’abord sur l’atteinte de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % sous leur niveau de 1990, a-t-il justifié dans une mêlée de presse.

« Année après année, on se rapproche de cet objectif-là, et par la suite, il faudra se pencher sérieusement sur l’après-2030 pour justement viser la carboneutralité, mais je ne suis pas en mesure de vous dire qu’on va devancer cette cible-là à ce moment-ci », a-t-il déclaré.

L’AIE affirme que les émissions de GES des économies avancées doivent diminuer de 80 % d’ici 2035 [par rapport à leur niveau actuel], contre 60 % dans les économies en développement.

Le ministre Charette fait valoir que son gouvernement s’assure d’avoir un plan pour atteindre les cibles qu’il se donne.

« Donc la journée où on pourra confirmer une nouvelle cible [de carboneutralité], dit-il, on aura un plan pour appuyer cette démarche. »

Aide aux pays francophones

Québec a aussi dévoilé mardi 15 projets qui se partageront un financement de 11 millions de dollars destiné spécifiquement aux pays francophones d’Afrique et des Antilles, annoncé l’an dernier, et indépendant du Fonds sur l’adaptation. Cette aide versée par l’entremise du Programme de coopération climatique internationale (PCCI) du gouvernement québécois concerne des projets d’adaptation du milieu agricole, de transition vers les énergies vertes, de résilience des populations face aux pénuries d’eau et de restauration des écosystèmes sensibles au Bénin, au Burundi, en Guinée, en Haïti, au Mali, au Maroc, au Sénégal, au Togo et en Tunisie.

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  • 2200
    nombre de chercheurs, politiciens, représentants d’entreprises et membres de la société civile du monde entier assistant à la conférence Adaptation Futures au Palais des congrès de Montréal, jusqu’à vendredi
    source : Adaptations Futures 2023