(Singapour) Construire et financer de nouvelles centrales électriques au charbon est « irresponsable », a estimé vendredi à Singapour l’émissaire américain sur le climat, John Kerry, désignant la « cupidité » comme le principal obstacle à l’action climatique.

M. Kerry a également salué les récentes discussions avec la Chine sur le climat et a jugé « absolument critiques » les prochaines négociations lors de la COP28 de Dubaï.

L’ancien chef de la diplomatie américaine a déclaré qu’il était désormais « irresponsable de financer ou de construire une centrale électrique au charbon n’importe où dans le monde ».

« Le charbon propre n’existe pas. Ce n’est pas près d’arriver », a-t-il ajouté, lors d’un forum Bloomberg sur la Nouvelle économie à Singapour.

« Il nous faut donc vraiment avancer sur le front du charbon », a-t-il souligné, stigmatisant le « statu quo » qui règne dans une grande partie du globe, y compris aux États-Unis.

PHOTO SINGAPORE'S MINISTRY OF COMMUNICATIONS AND INFORMATION, FOURNIE PAR AGENCE FRANCE-PRESSE

John Kerry et le premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong

Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, les pays participants avaient convenu de « réduire progressivement l’énergie alimentée au charbon ».

La Chine produit un peu plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en charbon, la production nationale ayant atteint un nouveau record l’année dernière, selon l’ONU.

L’avenir des combustibles fossiles, y compris le charbon, sera au cœur des discussions lors de la COP28 qui débute à la fin du mois et dont l’objectif est de limiter le réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle à moins de 2 °C et de préférence à 1,5 °C, conformément aux objectifs de l’accord de Paris.  

Mercredi, l’ONU a averti que les projets d’expansion de production de pétrole, de gaz et de charbon par les principaux pays producteurs menacent l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C.

John Kerry a reçu le week-end dernier son homologue chinois Xie Zhenhua en Californie en préparation de la COP28, et ce avant une rencontre attendue la semaine prochaine entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping aux États-Unis.

Jeudi, Chine et États-Unis ont assuré que leurs récentes discussions sur le climat étaient un succès, un nouveau signe de reprise du dialogue entre les deux pays.

M. Kerry et son homologue chinois Xie Zhenhua ont trouvé « un accord » sur « la réduction des émissions et la direction que nous devons prendre et j’ai bon espoir à ce sujet », a encore indiqué l’émissaire américain sur le climat.

L’un des principaux enjeux du sommet de Dubaï sera de définir les contours d’un fonds dit « pertes et dommages », adopté sur le principe lors de la COP27 et censé indemniser les pays les plus pauvres face aux conséquences du changement climatique.

Les États-Unis ne s’opposent pas à ce fonds, mais exigent que la Chine y contribue aux côtés des pays développés.