(Québec) Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de 5 % au Québec en 2021 après la baisse marquée constatée durant la pandémie. Le gouvernement prévoit une autre hausse des émissions en 2022, mais pense pouvoir les « plafonner » d’ici peu grâce notamment à l’abandon de la voiture à essence.

Le Québec a émis 77,6 millions de tonnes de GES en 2021, selon l’inventaire québécois des émissions de GES dévoilé mercredi. Il s’agit d’une hausse de 5 % par rapport à 2020, que le gouvernement attribue essentiellement à la reprise économique après la pandémie. Le gouvernement se réjouit toutefois, car les émissions demeurent sous leur niveau prépandémique. Elles ont diminué de 5,6 % entre 2019 et 2021.

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« En 2021, on était toujours en pandémie, quoiqu’avec moins de mesures de confinement. Ce sont des chiffres qu’il faut prendre avec une certaine réserve, mais qui démontrent une augmentation des GES par rapport à l’année précédente compte tenu de la reprise économique », a analysé mercredi le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

IMAGE FOURNIE PAR LE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT

Les émissions de GES du Québec avaient commencé à descendre à partir de 2008 puis avaient soudainement entamé une tendance à la hausse de 2015 à 2019. La pandémie et ses impacts dévastateurs sur l’économie avaient toutefois mis un terme à cette remontée.

Chute du nombre de véhicules à essence

Mais plusieurs indicateurs font croire à Québec que les émissions ont « plafonné », dans les mots du ministre de l’Environnement. Pour la première fois cette année, l’inventaire des GES inclut une prévision pour l’année suivante, soit 2022. Même si le bilan final qui sera présenté dans un an risque de conclure à une légère hausse sur l’année, les GES émis en 2022 devraient être inférieurs de 3 mégatonnes à ceux émis en 2019. En d’autres termes, ils signifieraient que Québec a réussi à arrêter la hausse prépandémique.

« Ce n’est pas rien, car en 2019, on n’était pas en pandémie et en 2022 on n’avait pas de mesures de confinement. Ce sont deux années complètes, normales, qui confirment un mouvement baissier de nos émissions. C’est encourageant », s’est réjoui le ministre Benoit Charette.

Le ministre attribue ces prévisions favorables à la chute des véhicules à essence sur les routes québécoises, une première en 40 ans. « Depuis 1985, c’est la première fois qu’on note une diminution du nombre de véhicules à essence, soit 40 000 véhicules thermiques de moins », a affirmé le ministre.

Les ventes d’essence et de diesel ont par ailleurs chuté de 9 % en 2022, ce qui aidera à inverser la tendance haussière selon Québec. Le secteur des transports est de loin le principal responsable des émissions de GES.

« Environ 23 % des véhicules vendus au Québec sont électriques, soit zéro émission, relève Benoit Charette. Ce pourcentage-là va augmenter de façon exponentielle. On doit être à 1,5 million d’ici 2030, on sera à 100 % d’ici 2035. »

Le ministre a par ailleurs réitéré que le programme de subventions à l’achat de voitures électriques, fort populaire, serait abandonné dans les prochaines années. « C’est un programme qui fonctionne excessivement bien. Mais c’est un programme qui n’est pas voué à être permanent, a-t-il réitéré mercredi. Il fait remarquer que Québec ambitionne d'avoir 2 millions de voitures électriques sur ses routes d'ici 2030. Avec une subvention de 7000 $ par véhicule, on dépasserait les 10 milliards.

Benoit Charette note qu’on est « à quelques années de la parité de prix entre les véhicules thermiques et électriques », qui rendra le programme caduc.

Le gouvernement a toujours bon espoir d’atteindre son objectif de réduire les émissions de 37,5 % d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Les chiffres dévoilés mercredi indiquent que le Québec a émis en 2021 8,9 % moins de GES qu’en 1990.

Il faudra ajouter à cela les droits sur le marché du carbone, qui étaient estimés à 13 points de pourcentage l’année dernière. En d’autres termes, en ajoutant ces 13 % aux 8,9 %, le Québec aurait émis en 2021 22 % moins de GES qu’en 1990. Le ministre Benoit Charette s’est empressé d’ajouter que le chiffre des droits du marché du carbone sera évalué précisément en 2030 seulement.

La députée libérale Désirée McGraw a dénoncé les « demi-mesures qui ne permettront d’atteindre que la moitié des cibles de réduction de GES pour 2030 ».

La députée solidaire Alejandra Zaga Mendez a quant à elle déploré que les émissions de GES repartent à la hausse. « Alors qu’on vient de vivre l’année la plus chaude jamais enregistrée, je m’inquiète que ce bilan ne donne aucune garantie que le gouvernement atteindra ses propres cibles », dit-elle.