Montréal ajoutera une douzaine de brigadiers scolaires en 2019 pour améliorer la sécurité des déplacements des élèves autour des écoles. Un bon premier pas, selon la principale commission scolaire de la métropole, qui juge que d'autres seront toutefois nécessaires.

Il y a un mois, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) lançait une pétition en ligne pour demander l'ajout de brigadiers. Sa présidente, Catherine Harel Bourdon, souligne que 10 000 élèves se sont ajoutés depuis 10 ans et qu'une trentaine d'écoles ont été construites ou agrandies dans la métropole.

Or, la Ville de Montréal n'a pas augmenté depuis plus de 15 ans le nombre de brigadiers. Leurs effectifs ont en effet été gelés depuis les fusions. Ainsi, depuis 2001, l'ajout de toute traverse scolaire doit automatiquement mener à la disparition d'une autre.

L'administration Plante dit avoir entendu la demande et prévoit ainsi augmenter le nombre de brigadiers l'an prochain. Le budget 2019 de la métropole autorise le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à augmenter à 235 «années-personnes» le nombre de brigadiers, soit six de plus que cette année. Comme ceux-ci travaillent à temps partiel, cette hausse permettra dans les faits d'ajouter une douzaine de traverses protégées.

Le SPVM a confirmé que les effectifs augmenteraient en 2019, sans pouvoir dire avec précision combien de brigadiers viendraient s'ajouter.

«C'est un pas dans la bonne direction. On comprend avec le budget qu'il y a une écoute et une ouverture», affirme Mme Bourdon.

La CSDM continuera néanmoins à faire des pressions, les besoins étant plus importants encore. «C'est un gros enjeu. On veut que les élèves aient des écoles de quartier et s'y rendent à pied», indique Mme Harel Bourdon.

L'opposition à l'hôtel de ville s'est dite déçue des nouvelles ressources attribuées au SPVM, estimant que davantage était requis. «Est-ce qu'une douzaine de brigadiers est suffisante pour cinq commissions scolaires? Poser la question, c'est y répondre. Ça me semble dérisoire considérant la quantité d'élèves», a réagi Benoît Langevin, élu d'Ensemble Montréal.

Le conseiller municipal déplore l'absence d'analyse des besoins en brigadiers. Cette étude n'aura lieu qu'au printemps, alors que la Commission de la sécurité publique doit se pencher sur la question.

Ressources limitées

En attendant cette analyse approfondie, la pétition de la CSDM continue à circuler en ligne. Les signataires sont même invités à souligner les endroits problématiques dans l'île. Ainsi, certains parents du centre-ville ont dénoncé le manque de brigadiers dans la rue Ontario. D'autres, dans Notre-Dame-de-Grâce, se sont plaints du nombre élevé de voitures autour de leur école.

Les besoins sont grands et les ressources, limitées. Encore hier, le SPVM a envoyé un avis à la CSDM pour l'informer qu'il refusait une demande d'ajout de traverse scolaire.

Depuis plusieurs années, des parents d'élèves de l'école Marie-Rivier, dans Saint-Michel, réclament l'ajout d'un brigadier à l'angle de la 7e Avenue et de la rue de Louvain. Mais après analyse, le corps policier estime que trop peu d'élèves y circulent à pied. «C'est un cercle vicieux. Si les parents ne sentent pas que les artères sont sécuritaires, ils n'enverront pas leurs enfants à pied et vont les reconduire en auto», se désole Mme Harel Bourdon.

Vision zéro

L'administration Plante doit présenter au cours des prochaines semaines la stratégie «vision zéro», ce mouvement visant à éliminer les morts et blessés graves chez les piétons et les cyclistes.

Outre l'augmentation des effectifs de brigadiers, le budget 2019 prévoit l'investissement de 25 millions dans un programme de sécurisation des abords des écoles. Montréal espère ainsi favoriser les déplacements à pied ou à vélo des enfants et des parents afin de réduire le nombre de voitures autour des écoles.

Catherine Harel Bourdon a salué la mise en place de ce programme, soulignant que les besoins en amélioration de la signalisation, en ajout de dos d'âne et en élargissements de trottoirs sont importants.