Des centaines de manifestants ont défilé au centre-ville de Montréal, samedi, avec des poussettes vides symbolisant les enfants morts durant la guerre en Ukraine.

Au milieu de la foule, une manifestante, Tatiana Ostrovschi, tient une poussette à laquelle est noué un bouquet de ballons bleu et jaune, aux couleurs de l’Ukraine. « Maintenant, c’est nous qui tenons les ballons, mais d’habitude, ce sont les enfants », souffle-t-elle, en pleurs. La résidante de Longueuil, qui vit au Canada depuis 20 ans, est descendue dans la rue parce qu’il faut « absolument protéger » les tout-petits en Ukraine, dit-elle.

Sous une fine pluie, les manifestants ont marché dans la rue Sainte-Catherine pour pleurer les enfants qui ont péri depuis le 24 février, date où la Russie a lancé son offensive. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme estime qu’au moins 75 enfants sont morts durant le conflit.

En tête du cortège, William, 13 ans, tient une pancarte où l’on peut lire : « Et si c’était votre enfant ? » « Il y a énormément de jeunes qui sont morts, lance l’adolescent d’origine ukrainienne. Il y a ceux en plus qu’on n’a pas trouvés. »

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À quelques pâtés de la rue Sainte-Catherine, des protestataires attendaient le passage de la marche pour s’y joindre, en tenant bien haut le drapeau ukrainien. « Gloire à l’Ukraine », a scandé la foule, en avançant. La manifestation était organisée par le Conseil provincial Montréal/Québec du Congrès des Ukrainiens canadiens.

Parmi les manifestants, Iulia Gilfanova roule une poussette vide. « On représente les mères qui ont perdu leurs enfants, dit la jeune femme de 17 ans. Il faut que les gens voient la tragédie. » La Russie est « vraiment violente » envers l’Ukraine, se désole l’étudiante au cégep, qui habite au Canada depuis cinq ans.

Aux abords de la manifestation, Nina Zhmud et Sergii Zhmud sont présents avec leurs enfants de 4 et 11 ans, ainsi que le fils de 10 ans d’une amie. La Russie « est comme les terroristes, elle attaque les enfants et les civils », se désole Mme Zhmud, qui vit au pays depuis cinq ans. Ses parents sont toujours en Ukraine, à Hostomel, aux portes de Kyiv.

Je leur ai demandé de venir au Canada, mais ils ne veulent pas. Ils disent que leur terre est là-bas.

Nina Zhmud, au sujet de ses parents toujours en Ukraine

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Des manifestantes ont apporté des poussettes vides pour représenter les mères qui ont perdu un enfant durant la guerre.

Depuis le début de la guerre, des membres de la diaspora ukrainienne sont descendus chaque semaine dans les rues montréalaises. Avec de la musique, des prières et des slogans, ils ont exprimé leur soutien envers leurs proches restés en Ukraine.

Autre manifestation en parallèle

Au moment où avait lieu la marche en soutien à l’Ukraine, une manifestation pour la démocratie en Tunisie se déroulait dans le même secteur de la ville. Les manifestants qui déploraient la situation politique tunisienne ont croisé les membres de la diaspora ukrainienne. « Non à la guerre en Ukraine », ont crié en soutien les protestataires, en passant devant la marée de drapeaux bleu et jaune. Le cortège a poursuivi son chemin vers l’est, en criant « À bas la dictature » en Tunisie.

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Une manifestation pour la démocratie en Tunisie se déroulait samedi au centre-ville de Montréal.

En juillet dernier, le président tunisien Kaïs Saïed s’est approprié la majorité des pouvoirs, en invoquant un article de la Constitution. Il gouverne maintenant par décrets, au grand dam de la population qui descend dans la rue pour manifester. « Ça va de mal en pis en Tunisie, lance Dorra Riahi, qui habite au Canada depuis 2010. Une seule personne dirige tout le pays et prend toutes les décisions. Ça ne se fait pas en 2022. »