Montréal allonge 17 millions pour faire naître et mettre à niveau une quarantaine de projets cyclables en vue de la saison estivale, dont le début du Réseau express vélo (REV) sur l’axe Henri-Bourassa, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Au total, la Ville compte « mettre à niveau » près de 36 kilomètres de voies, une cible jugée toutefois insuffisante par le milieu cycliste.

« On a énormément fait avancer le vélo pendant notre premier mandat. On va continuer à le faire. Et on est conscients qu’il y a encore beaucoup à faire », a indiqué jeudi la conseillère associée aux transports actifs, Marianne Giguère.

L’administration Plante amorcera cette année « le début du déploiement » de son Réseau express vélo (REV) sur le boulevard Henri-Bourassa, avec un premier tronçon entre les rues Pitfield et Félix-Leclerc. Ce « geste important transformera significativement la mobilité active du secteur », dit Mme Giguère. L’axe Viger/Saint-Antoine/Saint-Jacques du REV poursuivra aussi son développement, pendant que la rue De Champlain sera réaménagée entre les axes Sherbrooke Est et La Fontaine, avec l’ajout d’une piste cyclable.

Sur la rue Saint-Denis, le REV fera par ailleurs l’objet d’un nouveau projet pilote de surveillance continue afin de retirer le plus « d’entraves » possibles dans les voies réservées aux cyclistes. « C’est une demande de longue date de la communauté cycliste. […] L’Agence de la mobilité va venir intensifier ses interventions aux abords de la piste cyclable et intervenir quand il y a des véhicules stationnés illégalement. On va même pouvoir procéder à des remorquages », promet la responsable du transport et de la mobilité, Sophie Mauzerolle. « On commence par le REV St-Denis, mais la volonté, c’est vraiment de venir élargir à l’ensemble du réseau. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sur la rue Saint-Denis, le REV fera l’objet d’un nouveau projet pilote de surveillance continue afin de retirer le plus « d’entraves » possibles dans les voies réservées aux cyclistes.

Montréal prévoit également prolonger la piste cyclable Grenier, dans le secteur de Sainte-Anne-de-Bellevue, pour permettre aux cyclistes de rejoindre les parcs-nature du Bois-de-Saraguay, du Bois-de-Liesse, de l’Anse-à-l’Orme, ainsi que le futur Grand parc de l’Ouest, qui est toujours en développement par les autorités municipales.

Sur la rue Villeray, la piste cyclable, qui est déjà accessible entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Boyer, sera « prolongée » jusqu’à la 24e Avenue. Cette voie sera donc maintenant longue de cinq kilomètres, d’est en ouest. « Ça va vraiment devenir la colonne vertébrale du réseau cyclable de l’arrondissement », avance la mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Laurence Lavigne Lalonde.

« Il faut aller plus vite », rétorque Vélo-Québec

Saluant « la volonté de l’administration » d’en faire plus, le président de Vélo-Québec, Jean-François Rheault, prévient toutefois qu’il faudra aller « plus vite ». « Avec 20,5 km de nouvelles voies et 15 km de mise à niveau, on ne peut pas parler d’une grande quantité. Au rythme actuel, ça prendra 40 ans pour achever le plan vélo », prévient ce dernier.

Photo Marco Campanozzi, LA PRESSE

Saluant « la volonté de l’administration » d’en faire plus, le président de Vélo-Québec, Jean-François Rheault, prévient toutefois qu’il faudra aller « plus vite ».

« On est malheureusement loin de s’approcher de nos cibles du Plan climat à Montréal et de la part modale de 15 % des déplacements en vélo que la Ville souhaite atteindre [d’ici 2027] », a ajouté M. Rheault, en appelant les autorités à développer des « programmes d’éducation cycliste » dans des arrondissements comme Saint-Léonard ou Montréal-Nord, où « il y a aussi beaucoup de potentiel » pour le vélo. « On ne construit pas des pistes cyclables pour les cyclistes, mais pour donner l’option du vélo aux gens qui ne le choisissent pas », résume-t-il.

Le chef médical de l’équipe de santé environnementale de la Direction régionale de santé publique de Montréal, le DDavid Kaiser, seconde. « On doit être audacieux si on veut réparer les aspects déficients de notre planification urbaine. L’avenir de la ville passe par le transport actif », rappelle-t-il.

À la Ville, la conseillère Mariane Giguère rétorque que 17 millions pour une programmation cycliste, « c’est quand même assez ambitieux ». « Ce qu’on leur répond, c’est : regardez-nous aller et ne perdez pas confiance », lance-t-elle, avant d’envoyer une attaque à peine voilée à l’ancienne administration Coderre. « C’est sûr qu’il y a eu d’autres administrations qui arrivaient avec plus de kilomètres, mais c’était beaucoup de peinture sur la chaussée. Nous, on fait vraiment des projets de qualité. »