La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) restreindra le développement immobilier sur près de 12 400 hectares supplémentaires de milieux naturels, dont six terrains de golf « nécessitant une attention prioritaire ».

« Il faut accélérer la transition écologique. On n’a plus de temps à perdre. On le sait, la population nous le dit : c’est maintenant ou jamais. On a du pain sur la planche », a martelé jeudi la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, lors d’une allocution tenue devant plusieurs élus du Grand Montréal.

Cette annonce survient alors que le redéveloppement des terrains de golf fait débat depuis plusieurs mois dans le monde municipal. Ainsi, les clubs de golf de Belœil, de Candiac, de Chambly, de Mascouche, de Rosemère et de Terrebonne seront protégés sous le règlement de contrôle. Un changement de zonage sera donc interdit sur ces terrains au moins jusqu’en 2023, date à laquelle le Plan métropolitain d’aménagement et de développement du Grand Montréal viendra à échéance. Québec dispose toutefois de 60 jours pour entériner officiellement ces propositions.

Sur l’île de Montréal, le golf d’Anjou ne figure pas sur cette liste. Ensemble, ces six golfs totalisent néanmoins près de 284 hectares. La CMM note d’ailleurs que ces terrains « sont tous localisés en périmètre urbain, où l’espace disponible est suffisant pour accueillir la croissance démographique d’ici 2041 ».

Dans une éventuelle deuxième phase, d’autres terrains de golf pourraient s’ajouter, a indiqué le directeur général de la CMM, Massimo Iezzoni. Des études seront réalisées à cet effet dans les prochains mois. La CMM réclame également une aide supplémentaire de 100 millions du gouvernement provincial pour stimuler le développement durable dans le Grand Montréal, via le programme de Trame verte et bleue.

L’équivalent de l’île

Au-delà des terrains de golf, le règlement de contrôle intérimaire (RCI) de la CMM a officiellement été approuvé par Québec, jeudi. Il protégera au total 12 367 hectares de milieux naturels supplémentaires, portant le total à 53 435 hectares faisant désormais l’objet de mesures de conservation. « Ça équivaut grosso modo à l’île de Montréal au grand complet », a indiqué Mme Plante à ce sujet.

« Chaque hectare protégé sur le territoire québécois fait une différence pour assurer la conservation de nos milieux naturels d’intérêt, notamment les milieux humides, qui nous offrent des services écologiques d’importance. […] C’est tout le Québec qui en bénéficiera », a réagi jeudi le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, dans une déclaration.

En mars, une cinquantaine de groupes de citoyens à l’échelle de la province avaient demandé au gouvernement Legault de mettre sur pause la transformation d’anciens terrains de golf en quartiers résidentiels, leur conservation étant « une occasion à ne pas manquer » pour lutter contre la crise climatique et le déclin de la biodiversité, ont-ils plaidé.

Des voix s’étaient par ailleurs élevées ces derniers mois pour réclamer une réforme de la Loi sur l’expropriation, dont la composition fiscale freine trop de municipalités dans l’acquisition de terrains. En mai, le premier ministre François Legault s’est engagé à entamer cette réforme, donnant du même coup le droit de préemption aux municipalités.

La porte-parole de la Coalition des terrains de golf en transition (CTGT), Catherine Vallée, a accueilli favorablement l’adoption du règlement de contrôle intérimaire. « Il s’agit d’un premier pas reconnaissant le rôle essentiel de ces espaces verts pour la santé publique et la lutte aux changements climatiques », a-t-elle dit, en appelant Québec à « modifier rapidement la Loi sur l’expropriation et à fournir l’aide financière nécessaire pour l’acquisition et la reconversion de ces milieux ».