Les revenus des parcomètres montréalais sont toujours en forte baisse par rapport à la période prépandémique dans la métropole. L’an dernier, la Ville a engrangé des revenus de 39,3 millions avec ces bornes de paiement, soit les deux tiers du niveau d’avant la COVID-19. Mais la métropole prévoit un retour en force en 2022.

« On s’attend à un retour à la normale, voire une accélération du rythme de croisière concernant les revenus, dans la mesure où on sort de la pandémie et qu’il y a un certain retour à la vie normale », affirme la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif, Sophie Mauzerolle, en entrevue avec La Presse.

Selon le rapport annuel paru mardi de l’Agence de mobilité durable (AMD) — anciennement Stationnement de Montréal –, les revenus de parcomètres de la Ville continuent de souffrir de la COVID-19. En 2020, les revenus des parcomètres avaient fortement chuté, passant de 60,1 millions en 2019 à 33,1 millions. Puis, l’an dernier, ils ont légèrement augmenté, repassant à 39,3 millions. Durant ces deux années, il convient de rappeler que des mesures de gratuité du stationnement avaient été imposées au centre-ville.

Depuis 2011, les revenus de parcomètres à Montréal oscillaient autour de 60 millions. Ce chiffre est d’ailleurs la moyenne des revenus qui sont dégagés annuellement par la Ville, de 2011 à 2019.

Mme Mauzerolle rappelle toutefois que la création de l’AMD a bousculé les façons de faire. « Avant, Stationnement de Montréal, c’était surtout une agence de perception de revenus. C’était un peu une vache à lait. Là, avec l’Agence, on veut d’abord optimiser la gestion du stationnement, en retravaillant le partage de la rue, et en faisant plus de place à d’autres formes de mobilité, des espaces publics, des terrasses. Tout ça est inclus dans la réflexion », évoque-t-elle.

Innover et « mieux calculer »

Entre 2020 et 2021, on comptait d’ailleurs une cinquantaine de parcomètres en moins dans la métropole, notamment en raison du retrait de places de stationnement sur des axes comme Saint-Denis ou Peel. « On veut faire autre chose que juste collecter des sous », poursuit Mme Mauzerolle, en disant vouloir « mettre les bons outils aux bons endroits ».

« On peut penser à la tarification modulaire, pour ajuster le tarif en fonction des réalités. Dans des secteurs moins denses, le tarif serait moins élevé, et inversement plus élevé dans des secteurs plus denses », soutient-elle. Un premier projet pilote de « mise en commun » d’espaces avait aussi eu lieu fin 2020. La mise en commun des espaces de stationnement évite de laisser des places vacantes durant la journée, lorsque des résidants partent au travail, par exemple.

Montréal envisage aussi de rendre permanent un autre projet pilote : la lecture automatisée des plaques, qui permet de collecter des données sur la provenance des véhicules et leur circulation sur le territoire, en temps réel. Le directeur général de l’AMD, Laurent Chevrot, compte d’ailleurs lancer une application mobile d’ici deux à cinq ans pour rendre plus de données disponibles en temps réel pour les Montréalais.

Où sont les places, quelle est la réglementation sur chacune d’entre elles ? Est-ce qu’il y a des places dans tel secteur ? C’est ce genre de question à laquelle on pourra répondre en temps réel. Et on pense que ça aura un impact très fort sur le comportement des gens.

Laurent Chevrot

« En Amérique du Nord, on dit souvent que 30 % de la congestion au centre-ville est générée par les gens qui cherchent une place. À Montréal, il y a clairement une bonne partie qui vient de là. Le stationnement peut devenir un levier de planification de la mobilité », insiste le DG.

Un trou de presque 15 millions

Au total, l’Agence de mobilité durable — qui existe officiellement depuis 2020 — a dépensé plus de 36 millions l’an dernier, une hausse significative par rapport aux 28,8 millions de dépenses qui avaient été enregistrées il y a deux ans.

Cette année, les 36 millions de dépenses représentent toutefois un écart considérable par rapport aux projections budgétaires, car dans ses états financiers 2021, l’organisme paramunicipal prévoyait plutôt dépenser 51 millions de dollars.

C’est que comme plusieurs institutions publiques et organismes, l’AMD n’avait pas anticipé que la pandémie de COVID-19 durerait plus d’un an. « C’est une bonne nouvelle qu’on ait moins dépensé que prévu, mais il faut dire que la pandémie a vraiment fait en sorte qu’on a décalé certaines dépenses sur les années suivantes, notamment la hausse des effectifs de stationnement », explique M. Chevrot.

Selon lui, les dépenses repartiront à la hausse dans la prochaine année. « On devrait cette fois se rapprocher davantage du montant qui a été budgété. Mais on ne sera pas dans une explosion des coûts, plutôt dans une croissance raisonnée », conclut-il.