Près de deux Montréalais sur trois auraient subi du harcèlement de rue dans les 12 derniers mois, selon un rapport qui dénonce un « problème répandu » dans la métropole.

Grâce à un sondage effectué auprès de plus de 3000 personnes, les trois auteures de l’étude ont conclu que les femmes, ainsi que les minorités ethniques et sexuelles, ont davantage de risques d’en être victimes.

« On a trouvé ça très élevé », a affirmé Catherine Lavoie Mongrain, doctorante en sociologie de l’UQAM, en entrevue téléphonique. Elle a précisé que les données pouvaient avoir été influencées par la « définition très large » donnée au harcèlement de rue dans le sondage : « tous propos, attitudes ou comportements intrusifs, insistants et non sollicités perpétrés par des inconnus dans des endroits publics ».

Mais « même avec ces résultats élevés, ça sous-estime probablement la réelle ampleur [du phénomène] parce que la collecte de données a été faite pendant la pandémie », a-t-elle ajouté.

Le rapport conclut que les personnes de la diversité de genre ont rapporté dans une proportion de 84 % avoir fait l’objet de tel harcèlement, les jeunes de 18-24 ans, dans une proportion de 82 %, et les minorités sexuelles, 75 %.

« Responsabilité collective »

« Nous avons la responsabilité collective d’assurer des milieux de vie sécuritaires à l’ensemble de la population, et particulièrement les filles et les femmes qui [affrontent] ces situations intolérables », a affirmé le cabinet de Valérie Plante par l’entremise de son attachée de presse Catherine Cadotte.

« Le harcèlement n’a tout simplement pas sa place dans nos sociétés et nous sommes fiers d’avoir soutenu cette étude, en partenariat avec le Secrétariat à la condition féminine. »

Le rapport recommande notamment à la Ville de Montréal et à la Société de transport de Montréal (STM) d’interdire les « publicités sexistes » des emplacements d’affichage qui leur appartiennent.

« Si on vit dans une société qui projette et promeut une image hypersexualisée du corps des femmes ou une image stéréotypée des personnes racisées ou autochtones […], ça s’inscrit dans l’imaginaire collectif et ça s’inscrit dans le temps », a expliqué Audrey Simard, du Centre d’éducation et d’action des femmes (CEAF). L’organisation est à la source de l’étude.