Les sacs de plastique ? « C’est fini. » Fini, fini ? « Fini, fini. »

Comme dans ce Pharmaprix du Plateau Mont-Royal, la vaste majorité des commerces de Montréal semblent s’être pliés rapidement à l’interdiction des sacs de plastique aux caisses, deux jours après l’entrée en vigueur du règlement municipal.

Une tournée d’une quinzaine de commerces et restaurants effectuée jeudi par La Presse le long du boulevard Saint-Laurent, sans prétention scientifique, suggère que la vaste majorité des commerçants respectent l’interdiction.

« Ça fait longtemps qu’on n’a plus de sacs de plastique », a expliqué Echo Lee, du Dépanneur J. Z., au coin de la rue Rachel. Au-dessus de sa tête, épinglés sur le mur, des sacs réutilisables verts vendus 0,75 $. « Il y a deux ans, quand ils ont commencé à parler de bannir les sacs de plastique, nous avons décidé de nous en débarrasser », a-t-elle dit.

Un peu plus bas, à l’épicerie-poissonnerie Étoile Waldman, le changement s’est produit plus récemment. « J’ai seulement gardé des sacs pour mettre le poisson. À la caisse, je donne plutôt des boîtes maintenant », a dit Ruben Tham. « Il y a deux ou trois clients qui étaient fâchés, mais c’est la loi. C’est comme ça. »

Plusieurs grandes chaînes de supermarchés et de pharmacies ont des affiches explicatives bien en vue afin d’avertir les clients. Certaines ont même devancé l’interdiction en abandonnant avant l’échéance les sacs de plastique.

Plus de fournisseur

Mais chez les petits commerçants, des questions subsistent. À l’épicerie portugaise Picado, on continue à offrir des petits sacs de plastique pour emballer les morceaux de morue salée que l’on coupe avec des scies à ruban. « Est-ce qu’on a le droit ? », demande Joseph Picado. Réponse : l’interdiction touche seulement les sacs à la caisse, pas ceux qui servent à emballer les aliments.

M. Picado dit vouloir écouler le petit stock de sacs d’épicerie qu’il lui reste auprès des clients qui y tiennent, avant de tourner la page complètement. « Les gens ne sont pas fâchés », a-t-il dit. « Ça fait longtemps qu’on l’encourage. » Même scénario chez Bocadillo, où Franco Russo indique qu’il ne fait que se débarrasser de ses stocks.

De toute façon, « notre fournisseur nous a avertis qu’il arrêtait de distribuer [les sacs] », a rapporté Joseph Picado.

Chez Saborlatino, un marché sud-américain, Valentina assure que le commerce ne distribue plus de sacs de plastique. Et la dizaine de sacs verts sur le tapis roulant de la caisse ? « Seulement pour les légumes », assure-t-elle en les plaçant à l’abri des regards. « Certains clients se plaignent, disent qu’ils ont payé pour leur épicerie et qu’ils ont le droit à un sac. »

D’autres jouent sur les limites de la loi. Chez Lam Kee, un comptoir-rôtisserie du Quartier chinois, les clients peuvent repartir avec leur repas dans un sac de plastique transparent très mince. « On a droit à ceux-là, non ? », demande le caissier.

Jeudi, l’équipe de Valérie Plante s’est réjouie de la vitesse avec laquelle son règlement était respecté.

« On se réjouit que ce soit déjà largement adopté dans la plupart des commerces, et ce, même avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation de cette semaine », a déclaré Marie-Andrée Mauger, responsable de l’Environnement au comité exécutif. « On est également conscients que pour certains, cela représente une période de transition, mais une chose est certaine, les Montréalais sont prêts pour ce virage nécessaire vers la transition écologique. »