La pandémie a-t-elle fait augmenter le nombre de personnes en situation d’itinérance au Québec ? Oui, croient les spécialistes de la question. Pour tenter de trouver la réponse, plus de 1000 bénévoles ont arpenté les rues de Montréal mardi soir pour les dénombrer. Des journalistes de La Presse ont accompagné une équipe sur le terrain dans le cadre de ce troisième portrait de l’itinérance qui s’est déroulé simultanément dans 13 autres régions du Québec.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

La Presse a suivi une équipe de quatre bénévoles qui est allée à la rencontre des personnes sans-abri au centre-ville de Montréal, entre la rue De Bleury et le boulevard Robert-Bourassa. L’exercice de 2018 avait permis de recenser pas moins de 3000 sans-abri dans la métropole. Le recensement avait noté une augmentation de l’itinérance de 12 % au Québec. Cette année, Serge Lareault, commissaire aux personnes en situation d’itinérance pour la Ville de Montréal, prévoit une hausse de 20 % en raison de la pandémie.

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Les bénévoles ont le mandat de questionner tous les gens qu’ils croisent sur leur passage dans la zone qui leur a été assignée. Tareq Hardan, bénévole pour la première fois au dénombrement, a discuté avec une femme sans-abri au milieu du boulevard Robert-Bourassa alors qu’elle mendiait devant les voitures au feu de circulation. « Au-delà de l’expérience scientifique, c’est vraiment une expérience humaine, une rencontre vers l’autre. On a rarement une raison d’aller vers les sans-abri », souligne Serge Lareault.

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François Bonenfant, bénévole et chef d’équipe, s’est accroupi auprès d’un homme en situation d’itinérance dans la rue De La Gauchetière, au centre-ville de Montréal, pour lui poser quelques questions. Tous les bénévoles détiennent un questionnaire et demandent aux personnes sans-abri des renseignements sur leur identité et leur statut d’emploi, dans le but de faire un portrait de l’itinérance visible. « Il n’y a pas d’outil scientifique parfait pour recenser cette population qui passe sous les radars », a précisé Serge Lareault.

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Jean-Michel Dart, bénévole dans l’équipe de François Bonenfant, a repéré un homme dans une ruelle qui s’apprêtait à s’installer dehors pour la nuit. « C’est une occasion pour moi de découvrir le milieu et d’avoir un contact avec ces gens », explique Jean-Michel Dart, infirmier au CLSC des Faubourgs auprès de patients sans domicile fixe. Pour lui, le dénombrement était une occasion de mieux comprendre la réalité de certains de ses patients.

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Le dénombrement des sans-abri se poursuivra mercredi auprès des organismes et des centres d’hébergement. « L’itinérance est de plus en plus visible », a souligné Samuel Watts, président-directeur général de la Mission Bon Accueil, avant le départ des équipes de bénévoles sur le terrain. « Le but est vraiment d’aider les gens à se trouver un logement permanent. Ce n’est pas d’établir plus d’espace dans les refuges d’urgence parce qu’ils devraient seulement être un endroit temporaire, pas une destination. »