Si le trafic routier est pratiquement de retour au niveau prépandémique, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) estime qu’environ 70 % des usagers du transport collectif sont de retour dans les métros, trains et bus du Grand Montréal. Devant cette baisse d’achalandage soutenue, l’organisation responsable de planifier les transports lance une nouvelle enquête pour documenter les changements d’habitudes des Montréalais.

« En août dernier, on était à environ 68 ou 69 % par rapport au même moment en 2019. On est en train de finaliser les données pour septembre, mais on sait déjà qu’on a franchi les 70 % au niveau régional », explique le directeur exécutif à l’organisation et au développement des réseaux de l’ARTM, Ludwig Desjardins, en entrevue avec La Presse.

Au printemps dernier, l’ARTM avait enregistré un achalandage d’environ 62 % par rapport à la période prépandémique. Il s’agit donc d’une hausse de quelques points de pourcentage, qui n’est toutefois pas significative pour le moment.

D’ailleurs, l’Autorité note encore certaines « disparités » à des échelles plus locales. « Au centre-ville, par exemple, les services sont encore nettement plus affectés par la pandémie, alors que près des lieux d’enseignement comme les cégeps ou les universités, l’impact est vraiment moins fort. Il y a encore certainement un effet pandémie sur nos réseaux », concède M. Desjardins.

Le train de banlieue demeure le mode le plus touché par la pandémie, avec seulement 39 % d’achalandage par rapport au niveau de 2019. Le métro, lui, est à 66 %, tandis que le réseau d’autobus est déjà à 70 % selon les données officielles du mois d’août. Pendant ce temps, le trafic routier est pratiquement revenu au niveau prépandémique. De récentes données de Statistique Canada indiquent que 8,7 milliards de litres d’essence ont été vendus en 2021 au Québec. Cela représentait 96 % des ventes enregistrées en 2019.

Globalement, la progression de l’achalandage est perceptible de semaine en semaine, mais « elle est encore assez lente », poursuit M. Desjardins.

Ce qu’on ne sait pas encore, c’est ce que sera la nouvelle normale. Est-ce que ça sera à 75 %, à 80 % ? On ne le sait pas. Tout dépendra du télétravail et de son évolution.

Ludwig Desjardins, directeur exécutif à l’organisation et au développement des réseaux de l’ARTM

Avec le temps, le Grand Montréal reviendra « forcément » au niveau de 2019, vu la croissance démographique et économique qu’on lui prévoit, estime toutefois M. Desjardins. « À savoir quand, c’est une autre question », lance-t-il cependant.

Une étude des habitudes de déplacement

Ce constat survient alors que l’ARTM a lancé mardi la deuxième édition de son enquête Perspectives mobilité, amorcée en 2021. Jusqu’à 66 000 envois postaux sont prévus dans les prochaines semaines sur tout le territoire, afin de faire un portrait des habitudes de déplacement des Montréalais.

« On s’attend à un taux de réponse d’au moins 8 %, et on pourrait même se rapprocher du 10 %. On visera aussi environ 2500 ménages en porte-à-porte avec un taux de réponse estimé de 15 %. Ça nous donnerait au total environ 5600 réponses. On parle de données quand même assez intéressantes », illustre le conseiller en mobilité de l’ARTM, Chris Harding.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’ARTM se prépare à mener une vaste enquête sur les habitudes de déplacement des Montréalais.

Les employeurs comptant plus de 100 salariés sont aussi invités à participer à l’enquête. Les entreprises qui auront récolté au moins 20 questionnaires remplis obtiendront d’ailleurs « un rapport personnalisé et anonymisé sur les habitudes de déplacement de leurs employés », affirme l’Autorité.

Ces données serviront notamment de préface à l’enquête Origine-destination, une vaste étude des habitudes de déplacement réalisée tous les cinq ans. Cette enquête doit être lancée à l’automne 2023.

Le SRB Pie-IX bientôt actif

Le SRB Pie-IX sera « graduellement » mis en service à compter du 7 novembre, a par ailleurs annoncé mardi la Société de transport de Montréal (STM). Ce corridor de 11 kilomètres de voies réservées pour autobus, comportant 17 stations, est en construction depuis 2019. Il sera en fonction du boulevard Saint-Martin à Laval jusqu’à l’avenue Pierre-De Coubertin.

Deux exceptions demeurent, toutefois : le secteur Jean-Talon, où la construction du tunnel piétonnier reliant la future station de la ligne bleue se poursuit, ne sera pas opérationnel immédiatement, tout comme celui du pont Pie-IX, dont la réfection sera terminée en 2023.

La STM affirme qu’elle « ajustera l’offre de service du SRB en fonction de la reprise de l’achalandage postpandémique ».

En date de mardi, le réseau de bus montréalais accueillait 69 % de son achalandage pré-COVID ; dans le métro, c’était 67 %. C’est sensiblement le même niveau que les dernières semaines. Au total, « on compte près de 885 000 déplacements par jour ouvrable moyen, comparativement à 1 290 000 à pareille date avant la pandémie », explique la porte-parole Justine Lord-Dufour.

Le transport adapté, lui, « accueille 66 % du nombre de passagers attendu à une période équivalente sans COVID », ajoute-t-elle, un chiffre qui demeure lui aussi assez stable. Près de 7400 passagers sont déplacés chaque jour de semaine.

En savoir plus
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    Nombre « d’abris SRB » qui seront offerts le long du parcours sur Pie-IX, à terme. Début novembre, lors de la mise en service, 28 d’entre eux seront déjà en place.
    Source : société de transport de Montréal