Le démantèlement d’un campement de sans-abri sous l’autoroute Ville-Marie, tout près du centre-ville de Montréal, est reporté. L’opération était prévue ce jeudi.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ), à qui appartient le terrain, a décidé de donner davantage de temps aux services sociaux pour relocaliser les occupants de la douzaine de tentes qui se trouvent dans le campement.

« La date d’éviction a été reportée », a indiqué Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ. « Pour l’instant, la [nouvelle] date n’est pas encore décidée. »

Le MTQ avait demandé à la Sûreté du Québec (SQ) d’en expulser les occupants parce qu’il n’est « pas propice à l’habitation » et qu’un entrepreneur devait y faire des travaux. La présence des tentes « ne permet pas à l’entrepreneur d’effectuer les interventions sur l’infrastructure de façon sécuritaire pour les employés et pour les campeurs ».

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

« Bien, bien, bien content »

Sur place, mercredi, les campeurs criaient victoire.

« Je suis bien, bien, bien content », a dit Jacco Staben, l’un des occupants. « Ça fait plus de sept ans que je suis ici, à différents endroits sous l’autoroute Ville-Marie. On ne fait rien, on est tranquilles. »

M. Staben a choisi de piquer sa tente à cet endroit parce qu’il ne veut plus dormir dans les refuges. « Il y a trop de punaises, il y a des coquerelles, il n’y a pas d’espace, il y a beaucoup de criminels. On est plus tranquilles ici », a-t-il dit.

Nancy Morel et Steve Roberge ont construit une grande cabane avec des planches de bois et des bâches. « C’est l’hôtel de ville », a plaisanté M. Roberge. Le couple se réjouit du report du démantèlement. « La déstabilisation, ça crée de la désorganisation. Et être désorganisé, c’est la première chose à éviter », a continué l’occupant.

Collaboration

En milieu de journée, la mairesse de Montréal a souligné que le campement se trouvait sur le territoire de la Ville de Westmount, défusionnée depuis 2002. Mme Plante a vanté l’« approche » de ses services municipaux dans le dossier de l’itinérance. « On est là, on prête main-forte à la SQ via le SPVM, mais également on soutient également la Ville de Westmount avec nos organismes. »

Pour l’avenir, Mme Plante a expliqué qu’elle attendait de voir le plan du ministère des Services sociaux pour lutter contre l’itinérance cet hiver à Montréal. « Pour notre administration, on considère qu’un campement ce n’est pas la solution. On veut que chaque personne sur notre territoire soit en sécurité et au chaud », a continué Mme Plante. « Cela dit, il faut accompagner les personnes en situation d’itinérance vers les ressources. »