L’administration Plante a reconnu, mardi, l’existence d’« une rupture de confiance » avec certains employés quant à la façon dont la Ville gère les allégations de racisme à l’interne, mais elle espère rebâtir les ponts en inaugurant un guichet unique.

Montréal compte lancer d’ici l’été un nouveau service d’accompagnement des employés racisés qui souhaitent dénoncer des comportements au sein de leur équipe de travail.

« On a entendu le cri du cœur des victimes et leur impatience devant la complexité de certains processus et leurs délais », a affirmé mardi Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de Valérie Plante. « Nous comprenons et nous partageons leur désir de justice. »

Elle a décrit le système actuel – où les plaintes peuvent passer par des griefs syndicaux, par la Commission de la fonction publique de Montréal, par les ressources humaines ou par le Contrôleur général, entre autres – comme un « parcours du combattant ».

Le nouveau guichet unique fournira une seule porte d’entrée aux plaignants potentiels. Avant sa mise sur pied, un comité externe devra vérifier que cette mesure est adéquate.

« Une forme de mépris »

Mme Ollivier s’exprimait dans le cadre des travaux d’un comité du conseil municipal de Montréal, qui se penchait sur le bilan 2022 de la Ville en matière de diversité.

Pendant quatre heures, l’élue et de nombreux fonctionnaires ont expliqué que le service des ressources humaines avait créé une nouvelle direction consacrée aux enjeux de diversité en son sein et que le travail de sensibilisation se poursuivait.

Je nous mets en garde de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a beaucoup de gens dans cette organisation qui sont déterminés à opérer le changement. La solution n’est ni unique, ni rapide, ni magique.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

En point de presse par la suite, Mme Ollivier a reconnu qu’il existait un fossé entre la planification des politiques officielles dans les bureaux des hauts fonctionnaires et le climat de travail dans les garages, les clos de voirie et les autres milieux de travail de la Ville.

Quelques minutes plus tôt, Gino Luberisse, délégué syndical dans Montréal-Nord, avait d’ailleurs dénoncé « une forme de mépris » dans les discours optimistes des cadres devant les élus municipaux. « On doit dealer avec nos émotions, parce que le discours ne correspond pas à la réalité, a-t-il déploré. Quand nous, on a dénoncé, l’employeur nous a envoyé des avis disciplinaires. […] La réconciliation n’est pas encore faite. »

L’opposition officielle au conseil municipal, pour sa part, continue à réclamer une enquête indépendante sur le racisme au sein de l’appareil municipal. « En écoutant les travaux, je suis encore davantage convaincu que le processus de plainte doit être revu par des enquêteurs externes », a dit l’élu Abdelhaq Sari.

Nouveau passage accéléré pour devenir policier

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a annoncé mardi qu’il ouvrirait plus largement un passage accéléré vers la profession policière autrefois réservé aux membres de minorités visibles. L’organisation acceptera d’embaucher des candidats qui n’ont pas étudié trois ans en techniques policières, mais qui détiennent un autre diplôme d’études postsecondaires et ont suivi une attestation d’études collégiales (AEC) en techniques policières d’une durée d’un an. Tous doivent ensuite passer par l’École nationale de police de Nicolet. « On veut ouvrir à des gens qui ont une trajectoire plus sociale. La police se transforme, il ne s’agit plus du mandat sécuritaire », a dit le directeur du SPVM, Fady Dagher, mardi, en marge d’une conférence de presse. Le service de police cherche des candidats avec des diplômes précis : travail social, criminologie, intervention en délinquance et psychologie sont du nombre. M. Dagher s’est aussi réjoui d’avoir obtenu du financement pour quadrupler le nombre de places disponibles dans l’AEC, passant à 131 pour l’an prochain. Le SPVM est aux prises avec une importante pénurie de policiers qu’il tente de solutionner.

Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

En savoir plus
  • 73
    Nombre de dossiers de discrimination répertoriés à la Ville en 2022
    18 %
    Proportion de ces dossiers qui se sont conclus par la suspension d’un employé. Aucun congédiement n’a été signalé.
    source : Service des communications de la ville de Montréal