Des immeubles du XIXe siècle viennent d’être démolis, à l’intersection de l’avenue Viger et de la rue Saint-Hubert, en raison de leur instabilité. Au grand dam des défenseurs du patrimoine.

Les ouvriers s’activent depuis la fin de la semaine dernière pour mettre à terre ces constructions, situées à quelques dizaines de mètres de la zone patrimoniale du Vieux-Montréal et voisin immédiat du bâtiment historique des Archives nationales.

Cet hiver, la Ville avait demandé et obtenu un ordre de la justice forçant la destruction de ces bâtiments, dont la construction est estimée à 1875.

En février 2020, le promoteur immobilier Kevin Hazout a acheté cet ensemble immobilier. Trois mois plus tard, un mur mitoyen est retiré, « affectant irrémédiablement l’intégrité structurale des Bâtiments », selon la juge Katheryne A. Desfossés, de la Cour supérieure, qui a ordonné les démolitions. Ces travaux « ont été réalisés de façon irréfléchie et incompétente, au point de rendre dangereuse la poursuite de tout travail dans l’immeuble », conclut un rapport d’ingénieur cité par la justice.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les immeubles avant leur démolition

Une partie aurait été potentiellement réchappable, mais M. Hazout se disait financièrement incapable de faire ces travaux de sauvegarde. Résultat : « Il apparaît que la démolition de tous les bâtiments constitue le seul moyen réaliste d’effectuer la démolition des bâtiments [de la rue] Saint-Hubert qui menacent indéniablement la sécurité du public », a tranché la juge Desfossés.

« C’est vraiment regrettable », a réagi Dinu Bumbaru, porte-parole de Héritage Montréal. « On comprend les enjeux de sécurité publique, mais en même temps, la Ville a une responsabilité claire en matière de patrimoine bâti, notamment ici aux abords du Vieux-Montréal. »

« De voir qu’à cause d’un mauvais entretien, on perd ces bâtiments-là, c’est absolument triste », avait déploré Robert Beaudry, l’élu responsable de l’urbanisme à la Ville de Montréal, en avril. « On trouve ça déplorable. Notre objectif, c’est vraiment de bien faire les choses et que dans le projet de remplacement, on puisse récupérer des choses. »