Triez, triez, triez. C’est l’appel que lance la Ville de Montréal aux gens qui déménageront au cours des prochaines semaines afin d’éviter le traditionnel déferlement de déchets sur le trottoir.

Autour du 1er juillet, 50 000 tonnes de matières sont abandonnées en bordure de rue chaque année, l’équivalent de 2500 autobus, d’environ 295 baleines bleues ou de trois ponts Jacques-Cartier.

« Ce qu’on veut éviter, avec la collaboration des citoyens, c’est de se retrouver dans une situation où, pêle-mêle, on a toutes sortes d’objets, ces objets-là qui ne pourront pas être valorisés et qui seront détournés vers un site d’élimination », a indiqué Philippe Sabourin, le porte-parole administratif de la Ville de Montréal en conférence de presse.

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Le porte-parole administratif de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin, rappelle les bonnes pratiques de gestion des déchets en conférence de presse. À ses côtés, la chargée de projet de RebutRécup, Garance François, et le directeur général de la SAESEM, Jean-Sébastien Matte.

Revaloriser les meubles

On encourage aussi les Montréalais à donner « une deuxième vie » aux objets dans la mesure du possible. Le programme RebutRécup revalorise les meubles des résidants du Plateau-Mont-Royal en allant les chercher à domicile. Garance François, chargée de projet, a expliqué que de nombreux bénévoles s’affairent aussi dans les rues à la recherche d’objets laissés pour compte sur le trottoir.

Il est difficile d’évaluer si la quantité de déchets liée aux déménagements est stable, a affirmé Philippe Sabourin. Du côté de la Société pour l’action, l’éducation et la sensibilisation environnementale de Montréal (SAESEM), on constate un engouement grandissant pour le programme RebutRécup, selon Jean-Sébastien Matte, directeur général.

L’an dernier, RebutRécup a récolté autour de 2,5 tonnes de matériel qui ont ensuite été redistribuées aux familles de l’arrondissement qui en avaient besoin. Selon Jean-Sébastien Matte, la quantité d’objets revalorisés par l’organisme sera plus élevée cette année : « En seulement deux jours, on a pratiquement déjà récupéré une tonne. On pense qu’on va récupérer cinq à dix tonnes durant les trois prochaines semaines. »

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RebutRécup a un conteneur où entreposer les meubles qui restera rue Marie-Anne jusqu’au 14 juillet.

Le directeur général espère que d’autres s’inspireront du programme de revalorisation qui se limite actuellement au Plateau-Mont-Royal, faute de moyens. « On est prêts à partager notre savoir », soutient le directeur général de SAESEM, appelant les municipalités intéressées à embarquer dans le projet.

« Participer à un effort collectif »

Trier signifie également aller porter à l’écocentre les « résidus » qui peuvent s’avérer dangereux, comme les réfrigérateurs, les congélateurs et les climatiseurs. Une fois les déchets mis sur le trottoir, il faut séparer les matières jetables de celles qui peuvent être recyclées puisque la Ville de Montréal ne dispose pas des équipements pour le faire en aval, a précisé Philippe Sabourin.

Il a donc appelé les citoyens à « participer à un effort collectif » pour éviter qu’une grande quantité d’objets se retrouvent au site d’enfouissement.

Le travail de ramassage des cols bleus devrait s’étaler sur une semaine avant que les Montréalais retrouvent des trottoirs désencombrés.

La Ville de Montréal encourage aussi les citoyens à profiter des prochaines collectes avant le 1er juillet pour se débarrasser de leurs biens. Des amendes d’au plus 100 $ seront distribuées pour « dépôt sauvage » si les horaires des collectes ne sont pas respectés et si des matières dangereuses se retrouvent sur les trottoirs.

La peine réelle pour Philippe Sabourin est « surtout collective », puisque « cela se fait au détriment de l’environnement ».