Les avalanches ne se produisent pas seulement en haute montagne. Les dépôts à neige de la Ville de Montréal présentent aussi de tels risques, a analysé un inspecteur du travail après une avalanche qui a endommagé cinq poids lourds et les a poussés sur plusieurs mètres.

L’incident est survenu au site Angrignon, à LaSalle, le 3 mars dernier, selon des rapports de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) obtenus par l’entremise d’une demande d’accès à l’information.

Personne n’a été blessé dans cet évènement, qui ne doit pas être minimisé pour autant : une avalanche semblable a coûté la vie à un camionneur, en 2017, dans un dépôt à neige de Trois-Rivières.

Le sous-traitant de la Ville de Montréal chargé de gérer le site, Béluga Construction, « n’utilise pas les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques », a écrit l’inspecteur du travail Érik Pichette dans un rapport du printemps dernier. « Sa méthode de travail concernant l’empilement de la neige est incomplète par rapport à la façon de procéder et à la délimitation des zones de sécurité. Cela occasionne un risque de blessure en cas d’avalanche. »

M. Pichette a notamment reproché à Béluga Construction de laisser les camions circuler très près d’un monticule de plus de 20 mètres de neige. La pente de ce monticule était aussi trop raide, selon l’inspecteur.

Béluga Construction n’a pas voulu commenter la situation.

La Ville de Montréal a souligné que l’hiver 2022-2023 avait été particulièrement neigeux, posant des défis de stockage de la neige dans ses dépôts.

« La Ville de Montréal, de concert avec la CNESST et le fournisseur externe, s’assure que les éléments problématiques soient précisés et corrigés afin d’assurer la mise en œuvre pour l’hiver 2023-2024 », a indiqué le relationniste Gonzalo Nuñez.

« Plusieurs avalanches se produisent chaque année »

Le phénomène dans les dépôts à neige est encore peu étudié, a expliqué le professeur de géographie Daniel Germain, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Lui-même a été chargé par un consortium de villes en 2018-2019 de mener une étude exploratoire du phénomène.

« Plusieurs avalanches se produisent chaque année sur des sites de neige usée au Québec, allant parfois même jusqu’à causer un accident mortel », indiquait-il dans ce document, rendu public en 2021. L’équipe du professeur Daniel Germain a d’ailleurs étudié une « avalanche majeure » survenue au dépôt à neige Angrignon en 2019.

« Certaines pratiques à risque peuvent être rapidement identifiées (p. ex. : camions roulant longuement au pied des amas) », concluait l’étude exploratoire, qui souligne que le comportement de la neige soufflée est bien différent de la neige en montagne. « Dans tous les cas, il sera nécessaire de poursuivre les analyses et réflexions pour étudier des alternatives pertinentes à ces pratiques. »

Par courriel, le géographe a ajouté que la suite du projet de recherche était en veilleuse depuis la pandémie de COVID-19. « La volonté de poursuivre et de relancer le projet est toujours présente autant chez les partenaires qu’au sein de mon équipe de recherche à l’UQAM », a-t-il indiqué.