Les chantiers des deux futures usines à compost de Montréal sont très loin d’avoir repris leur vitesse de croisière, trois mois après la conclusion de l’entente qui devait les relancer, a appris La Presse.

L’entreprise qui fournit le procédé technique au cœur du centre de traitement des matières organiques (CTMO) de l’arrondissement de Saint-Laurent refuse toujours de revenir au travail.

La Ville de Montréal promet une reprise des travaux ces jours-ci, alors que l’opposition à l’hôtel de ville dénonce l’incapacité « à gérer le dossier » de l’administration Plante. L’entreprise responsable se fait rassurante.

Les usines, dont le budget total dépasse maintenant les 360 millions, doivent permettre à Montréal de traiter le contenu de ses bacs bruns sur son propre territoire. Les travaux de construction ont été paralysés pendant une dizaine de mois, à partir de l’été 2022, en raison d’un différend entre la Ville et son contracteur Veolia, ainsi qu’entre Veolia et son sous-traitant EBC. Au printemps dernier, Montréal a mis 32 millions supplémentaires sur la table et a conclu une entente afin que les chantiers reprennent.

Selon nos informations, cette reprise est très lente, avec peu de progrès visible sur les chantiers. Beaucoup de sous-traitants, découragés par la paralysie, avaient démobilisé leur équipement et déjà rempli leur agenda pour la période estivale.

« Veolia a travaillé au cours des derniers mois sur les travaux d’ingénierie et la planification de la reprise des chantiers », a indiqué Camille Bégin, chargée des communications à la Ville de Montréal. « Veolia a informé la Ville de Montréal qu’ils sont dans une phase de remobilisation et que les travaux sur les deux chantiers reprendront au retour des vacances de la construction. »

Veolia, pour sa part, a fait valoir que le travail avait repris.

« Le travail de construction a repris depuis le 7 juin sur les sites des usines de Saint-Laurent et de Montréal-Est », a écrit Carrie K. Griffiths, porte-parole de Veolia North America. « Les activités ont évidemment cessé pendant les vacances de la construction. »

Un différend persiste

Ni la Ville ni Veolia n’ont commenté le différend qui oppose toujours cette dernière à l’entreprise BEKON, chargée de fournir le procédé technique qui transformera le contenu du bac brun en compost à l’usine de Saint-Laurent.

Selon nos informations, BEKON refuse toujours de recommencer le travail sur le chantier, exigeant plusieurs centaines de milliers de dollars en paiements depuis près d’un an. Contrairement au sous-traitant EBC, BEKON n’était pas directement touché par l’entente survenue entre la Ville de Montréal et Veolia.

BEKON n’a pas voulu commenter le dossier.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal a pu visiter l’un des chantiers le mois dernier.

« Il y a très peu d’employés présents », a indiqué le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, rapportant les observations de sa collègue Stéphanie Valenzuela.

« Moi, je ne crois pas que ça va être réalisé dans les délais qui nous ont été promis au conseil municipal, a-t-il continué. C’est une très bonne illustration d’un cas où l’administration Plante n’a pas démontré sa capacité de gérer le dossier et de défendre les intérêts des citoyens. »

M. DeSousa a souligné que sa formation politique avait voté contre l’enveloppe supplémentaire de 32 millions, parce qu’elle n’était pas assortie de garanties assez solides.

Le CTMO de Saint-Laurent devait entrer en fonction en 2021 et celui de Montréal-Est en 2022. Leur ouverture est maintenant respectivement prévue pour août 2024 et mai 2025.