C’est finalement dès ce vendredi que les « ajustements » promis du côté de la signalisation à la gare Centrale feront leur apparition. Les nouveaux affichages arrivent plus d’un mois après la mise en service du Réseau express métropolitain (REM), malgré la confusion de nombreux usagers dans les dernières semaines.

Des ouvriers se sont affairés à apposer la signalisation officielle jeudi soir, a confirmé l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Jusqu’ici, l’organisme avait promis des actions au cours du mois de septembre, mais la pression politique s’est récemment accentuée pour accélérer davantage les travaux d’installation de la nouvelle signalisation.

« Honnêtement, ça n’a pas de bon sens. […] On peut y aller, nous, faire de la signalisation au besoin. Des fois, je suis quasiment rendue là », avait déclaré la semaine dernière la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sur les ondes de Radio-Canada.

PHOTO FOURNIE PAR L'ARTM

Différents panneaux de signalisation ont été installés à la gare Centrale.

Tout survenait alors dans la foulée du cas rapporté par La Presse de Dashiell Friesen, ce jeune homme étudiant le graphisme à l’Université Concordia qui avait conçu et imprimé des dizaines d’autocollants avant de les apposer sur le sinueux parcours intérieur qui relie la station Bonaventure du métro et la station de la gare Centrale du REM.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Un des autocollants qui avaient été apposés par un étudiant en graphisme de Concordia pour orienter les gens entre le métro et le REM.

« Ça démontre à quel point on peut faire ça de façon simple et rapide et, surtout, que ce n’est pas supposé être compliqué. Si un étudiant a pu régler ça en deux temps trois mouvements, l’ARTM aurait dû être capable de le faire adéquatement et rapidement, à temps pour l’ouverture », plaide à ce sujet la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon.

Il faut apprendre de ça. On aurait dû être capable d’avoir de la signalisation dès l’ouverture du REM. Ça prend trop de temps créer ces infrastructures pour qu’on n’ait pas le temps de placer des indications claires.

Sarah V. Doyon, de Trajectoire Québec

L’Autorité de transport, elle, justifie ces délais en soutenant que « le cas du lien entre le REM et le métro est particulier puisque celui-ci implique plusieurs parties prenantes et des considérations patrimoniales remontant jusqu’à Parcs Canada ». Avant de procéder, des discussions devaient aussi avoir lieu avec les groupes privés immobiliers Cominar et le Groupe Petra, qui possèdent certains des couloirs traversés par les voyageurs, a également réitéré l’Autorité.

Guilbault tape du pied

Québec s’est par ailleurs de nouveau impatienté, jeudi, en demandant à l’ARTM de « devancer l’échéancier » du système de paiement par téléphone et carte bancaire dans le transport collectif. C’est ce qu’a soutenu le cabinet de Mme Guilbault, à l’issue d’une rencontre qui s’est tenue dès le début de la journée avec le directeur général de l’organisation, Benoît Gendron.

Le directeur des communications de la ministre, Maxime Roy, abonde dans le même sens.

On a notamment demandé à l’ARTM, de façon concrète, de devancer l’échéancier pour le paiement par téléphone cellulaire et carte bancaire. On leur demande de nous proposer des scénarios. Ça n’a pas de bon sens que ça prenne autant de temps.

Maxime Roy, directeur des communications de la ministre Geneviève Guilbault

Plus tôt, La Presse révélait que l’Autorité régionale a présenté jeudi à ses administrateurs un plan de 162 millions qui devrait permettre aux usagers d’entrer dans la modernité d’ici quatre ans, en 2027. Ce plan se ferait en quatre temps : d’abord, la recharge mobile d’OPUS au début 2024, puis l’ajout du paiement par carte ou par téléphone dans le courant de 2025 ou 2026 et, enfin, un système numérique réunissant plusieurs modes de transport sur une seule et même plateforme d’ici 2027.

« C’est définitivement un manque d’empressement. Il faut qu’on sente que l’ARTM prend ça à bras-le-corps et veut accélérer la cadence. Les usagers ont déjà trop attendu », plaide de son côté Mme Doyon.

Sur le plan financier, Québec reconnaît que le montage financier du projet de virage numérique est « complexe », mais demande malgré tout une réévaluation des économies possibles, s’il y a lieu. « La priorité, ça reste surtout d’accélérer ce chantier-là », persiste toutefois M. Roy.

Plus de communication

La ministre Geneviève Guilbault réclame aussi plus globalement que l’ARTM « communique mieux avec les usagers et les différentes parties prenantes » de l’écosystème du transport collectif. « On veut qu’ils remettent vraiment l’usager au centre des décisions, qu’on revienne à l’essentiel finalement », illustre encore Maxime Roy.

Jointe par courriel, l’Autorité régionale de transport s’est dite en accord avec les propos de la ministre, en assurant que le travail avait « déjà débuté en ce sens » avec la participation active des sociétés de transport.

Selon le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau, le plan de 162 millions révélé par La Presse « n’intégrait pas les éléments d’optimisation de l’échéancier reflétant le travail des derniers jours, travail qui se poursuit ». « Certains éléments requièrent un niveau de validation plus élevé avant de les présenter publiquement. Une annonce à ce sujet aura lieu au début d’octobre. Nous pourrons faire état des avancées à ce moment », a indiqué M. Charbonneau.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse