L’achalandage du Service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX pâtit encore de la pandémie, près d’un an après son inauguration. Environ 25 000 usagers empruntent quotidiennement ce mode, alors qu’on visait à en desservir 70 000 avant la crise sanitaire.

Ce qu’il faut savoir

  • Le SRB Pie-IX a été inauguré officiellement en novembre dernier.
  • Il accueille présentement environ 25 000 usagers au quotidien, contre 20 000 au moment de son lancement.
  • Des travaux pour un prolongement vers la rue Notre-Dame Est doivent commencer à l’automne, au coût d’environ 167 millions de dollars.

Sur papier, l’achalandage de la ligne affiche une hausse nette depuis son lancement en novembre dernier, après des années de chantier. « Nous observons une hausse de l’achalandage de plus de 20 % dans l’axe Pie-IX depuis l’ouverture du SRB Pie-IX », affirme la porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM), Justine Lord-Dufour, en réponse à nos questions.

En effet, les lignes 139 et 439 effectuent environ 25 000 déplacements par jour. En octobre 2022, soit au moment où le SRB était sur le point d’être inauguré, on en comptait environ 20 000.

Or, au début du projet de voie rapide, les projections de la société de transport étaient beaucoup plus ambitieuses. Avant la COVID-19, les analyses pointaient vers un achalandage quotidien de 70 000 passagers. La pandémie a ensuite fait considérablement chuter les chiffres d’achalandage, à entre 20 000 et 30 000.

Des voies encore entravées

La STM demeure toutefois optimiste de pouvoir faire grimper les chiffres d’achalandage du SRB dans un avenir relativement rapproché. Son premier tronçon, le long duquel habitent tout de même quelque 500 000 personnes, sera d’ailleurs suivi d’un prolongement vers la rue Notre-Dame Est. Un contrat de 167 millions de dollars a été accordé au constructeur Pomerleau en juin, et les travaux doivent commencer cet automne pour se terminer vers l’automne 2027.

Au-delà de la pandémie qui a modifié les habitudes des usagers, l’achalandage du SRB pourrait avoir été affecté par d’importantes entraves encore en place. Selon Mme Lord-Dufour, les lignes qui circulent présentement sur le SRB Pie-IX ne sont « pas encore pleinement opérationnelles » en raison des entraves présentes dans l’axe du pont Pie-IX. Un chantier se trouvant à l’intersection de la rue Jean-Talon, où on érige présentement un tunnel piétonnier, est aussi en cause, selon la société de transport.

À la fin des travaux, prévue pour l’automne 2023, l’offre de service sera révisée dès janvier 2024, ce qui pourrait contribuer à augmenter l’achalandage des bus qui circulent sur le SRB Pie-IX.

Justine Lord-Dufour, porte-parole de la Société de transport de Montréal

De plus, dit Justine Lord-Dufour, « la maturité d’une ligne de bus est généralement atteinte après environ deux années de service ». « Pour ces raisons, nous préférons pour le moment offrir une appréciation qualitative des tendances qui se dessinent par rapport à l’achalandage », avance-t-elle, se disant néanmoins satisfaite par « la croissance d’achalandage qui démontre que les Montréalais adoptent le SRB ».

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le SRB Pie-IX, à Montréal

Malgré cette vitesse de croisière moindre pour le moment, les voies pourraient bientôt être beaucoup plus sollicitées. « Je ne serais pas étonnée qu’on doive augmenter la fréquence des deux lignes dans peu de temps », soutient en ce sens la directrice générale de l’organisme Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon, dont le groupe défend les intérêts des usagers de transport collectif. Selon elle, le projet du SRB Pie-IX « demeure un succès ». « On le voit, surtout en heure de pointe : c’est souvent plein, c’est utilisé », note-t-elle encore.

Un mode à multiplier

Suivre le succès du SRB Pie-IX est d’autant plus important que la Ville de Montréal veut multiplier ces axes de transport en commun rapide. Un tel service doit être graduellement implanté au cours des trois prochaines années sur l’axe Henri-Bourassa, l’un des plus achalandés de la STM. Celle-ci a déjà promis que les travaux seront réalisés plus rapidement et avec un coût plus restreint, pour « éviter de tomber dans le traumatisme du SRB Pie-IX », selon les mots du président, Éric Alan Caldwell.

« Ça reste un mode relativement structurant qui est beaucoup moins cher que de faire du métro ou du train léger. Ça peut se faire rapidement si on n’éventre pas la rue en dessous, et ça peut se déployer tout autant rapidement. Et pour les usagers au quotidien, le service est assez fréquent pour qu’on n’ait pas vraiment à regarder l’horaire avant de se déplacer », évoque Sarah V. Doyon, dont le groupe appelle à multiplier les axes desservis par un SRB à Montréal.

Le projet du SRB Pie-IX, qui est en construction depuis déjà 2019, avait quant à lui d’abord été annoncé en 2009. Au moment de son inauguration, il faisait donc l’objet de vives discussions depuis 13 ans.

Initialement fixé autour de 300 millions, le budget du SRB Pie-IX a connu plusieurs dépassements de coûts dans les dernières années. En incluant l’ajout du prolongement vers Notre-Dame et son contrat de quelque 167 millions, la facture totale du projet est maintenant d’environ 690 millions.