Le bruit du Réseau express métropolitain (REM) est « insatisfaisant » entre L’Île-des-Sœurs et la gare Centrale, avoue CDPQ Infra. Du meulage acoustique sera réalisé sur les rails d’ici novembre et des absorbeurs dynamiques ajoutés d’ici décembre, ce qui devrait réduire le bruit « de 3 à 10 fois ». L’organisation, qui exclut toutefois l’ajout de nouveaux murs antibruit, prévient que les travaux affecteront le service de soir et de nuit.

« Pour nous, ce qui est fondamental, c’est de le faire le plus vite possible », a martelé lundi le président et chef de la direction de la filiale de la Caisse de dépôt, Jean-Marc Arbaud, en conférence de presse lundi.

Il faudra fermer le REM « un peu plus tôt » dans les prochaines semaines pour accélérer la mise en place des mesures, a-t-il reconnu. Des travaux seront réalisés de soir et de nuit, à raison d’environ cinq jours par semaine durant un mois et demi. « Ça veut dire d’arrêter le service en avisant les utilisateurs et en mettant en place des plans de relève aux alentours de 22 h pour avoir plus de plages », soutient M. Arbaud.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Marc Arbaud

Dans une étude rendue publique ce lundi, CDPQ Infra précise que le meulage sera effectué d’ici la mi-novembre « sur l’ensemble du tronçon entre L’Île-des-Sœurs et la gare Centrale ». Les absorbeurs dynamiques, eux, ne seront toutefois présents que « sur les portions importantes du tracé, situées près des habitations ». Ils seront installés « progressivement » dès la mi-octobre jusqu’en décembre.

Ces deux mesures devraient générer une réduction de l’intensité sonore de 5 à 10 décibels. Le meulage absorberait de 2 à 5 décibels, contre 3 à 5 pour les absorbeurs.

Selon CDPQ Infra, une telle baisse équivaudrait à « une baisse du niveau de bruit émis allant de 3 à 10 fois par rapport à la situation actuelle ». C’est que la relation entre le nombre de décibels et le bruit perçu est exponentielle, rappelle l’organisme. Autrement dit, un seul décibel peut avoir un grand impact.

COURTOISIE CDPQ INFRA

Pas d’autres murs antibruit

Aucun nouveau mur antibruit n’est toutefois prévu pour l’instant. L’équipe du REM affirme avoir étudié cette possibilité, mais soutient que « compte tenu de la configuration en hauteur du cadre bâti, il est considéré que cette mesure n’amènerait en général aucun gain acoustique significatif ». M. Arbaud avait pourtant évoqué en juillet, en entrevue avec La Presse, l’ajout de murs antibruit supplémentaires.

« Le système est fait en hauteur, mais les murs antibruit sont limités en hauteur. En général, ils font 2,5 mètres et le bruit de roulement va se propager beaucoup plus haut », a offert le vice-président aux affaires publiques de CDPQ Infra, Philippe Batani, en guise de justification.

Bref, « les murs auraient peu ou pas d’impact pour limiter la propagation du bruit. Cette option-là a été écartée pour l’instant, parce que ce qu’on vise, c’est réduire le bruit à la source », a-t-il insisté.

Chez Action-Gardien, un organisme qui s’était mobilisé dans les derniers mois pour réclamer des mesures contre le bruit du REM, le porte-parole Simon Paquette a parlé lundi de mesures « intéressantes ». « Pour nous, 5 à 10 décibels, c’est notable et on sent quand même qu’ils veulent régler le problème rapidement », soutient M. Paquette.

Son groupe comprend toutefois mal « pourquoi aucun absorbeur dynamique n’est prévu dans le creux de la courbe » de Pointe-Saint-Charles. « Ils le justifient en disant qu’il n’y a pas de résidences, mais ça fait beaucoup de bruit autour dans la courbe. Il va falloir surveiller si, après le mois de décembre, d’autres mesures ne sont pas nécessaires, comme la réduction de la vitesse des trains. »

« Moins de 10 » millions

D’après M. Arbaud, les mesures d’atténuation liées au bruit, qui sont déjà réclamées dans Saint-Laurent et Côte-des-Neiges où le REM fera son arrivée d’ici la fin de 2024, « ne seront pas un enjeu budgétaire ». « On parle de quelques millions, moins de 10 », a-t-il illustré. Cela dit, il aurait été « difficile d’anticiper » que le bruit deviendrait un tel enjeu dans les quartiers, affirme M. Arbaud.

Quelque sept sonomètres ont été déployés dans les derniers mois pour analyser le bruit ambiant dans les secteurs concernés, soit sur les rues Smith, Olier, du Séminaire, Sainte-Madelaine et Mullins, ainsi que sur l’avenue Ash et le chemin du Golf.

Sur la rue Olier, CDPQ Infra affirme par exemple que le bruit est passé d’environ 55 à 60 décibels avec le REM. Sur le chemin du Golf, il a surpassé la barre des 70 décibels. Et sur la rue Sainte-Madelaine, il est demeuré autour de 55 décibels.

Or, des mesures prises par La Presse avec un sonomètre cet été avaient permis de constater que le bruit généré par le REM dépasse régulièrement les 70 décibels dans Pointe-Saint-Charles, parfois même la barre des 75. La situation préoccupait alors la Santé publique de Montréal, mais aussi bon nombre de riverains.

Plusieurs rencontres citoyennes sont prévues dans les quartiers concernés, de mardi à jeudi, pour présenter en détail le rapport d’analyse sur la question du bruit.

  • 26 septembre : Pointe-Saint-Charles (à l’église Saint-Charles)
  • 27 septembre : Griffintown (au Plaza Centre-Ville)
  • 28 septembre : L’Île-des-Sœurs (au Centre Elgar)