Un tronçon de la rue Larivière deviendra la première « rue éponge » à Montréal, dans le quartier Sainte-Marie, un secteur où plusieurs résidants ont vu leurs domiciles inondés à répétition au cours des dernières années.

Un côté de la rue, déjà fermée à la circulation à la hauteur de la rue De Lorimier, sera creusé de bassins de rétention, semblables à des étangs, pour recueillir l’eau de pluie provenant des secteurs situés en amont.

« Dans ce coin de l’île, on est en bas d’une côte, dans une cuvette naturelle », a souligné la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en présentant le projet, mardi. « Les pluies abondantes et les évènements climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents, on en a eu beaucoup plus cette année. »

C’est pourquoi la Ville de Montréal, en plus de travailler à l’amélioration de ses réseaux d’aqueduc et d’égouts, s’emploie aussi à faire des aménagements en surface, ajoute la mairesse.

« Pas de risque zéro »

La rue éponge améliorera-t-elle la situation des citoyens confrontés à des inondations récurrentes depuis plusieurs années dans ce quartier ?

« Ça va contribuer à améliorer la situation, mais il ce n’est pas une rue éponge qui va régler le problème, c’est impossible, répond Mme Plante. Même en refaisant tous les aqueducs de toute la Ville, ça ne va pas prévenir des inondations ou autres conséquences liées aux changements climatiques. Les pluies torrentielles, c’est une nouvelle réalité. On doit mettre différents outils en place pour avoir la meilleure performance, mais il n’y a pas de risque zéro. »

De nombreux citoyens prétendent que c’est la vétusté du réseau d’égouts de la Ville qui provoque des inondations, par son incapacité à absorber l’eau de pluie. Une demande d’autorisation d’intenter une action collective contre la Ville a d’ailleurs été déposée en mars dernier par des citoyens des quartiers Sainte-Marie et Hochelaga, qui ont dû faire des travaux importants après des dégâts d’eau et ne peuvent plus assurer leur domicile contre les refoulements.

L’année dernière, à la suite des pluies diluviennes du 13 septembre, la Ville a reçu 920 demandes d’indemnisation de la part de résidants inondés, soit la quatrième quantité la plus importante de réclamations à la Ville de Montréal dans les 20 dernières années. La Ville a rejeté toutes les réclamations, affirmant que ces averses étaient d’intensité exceptionnelle.

Après des pluies diluviennes le 29 mai 2012 (70 millimètres en 30 minutes), la Ville de Montréal avait reçu 3717 réclamations, mais n’avait pas non plus versé de dédommagement à qui que ce soit. Une centaine de propriétaires ont poursuivi la Ville en cour.

Le projet de rue éponge comprend l’installation d’une conduite d’eau sous le parc des Royaux, qui jouxte la rue Larivière, pour diriger les pluies abondantes du haut de la côte jusque dans les bassins de rétention en contrebas.

La facture des travaux est estimée à 5,9 millions, en incluant la réfection du planchodrome et de l’espace canin du parc voisin.

Les citoyens du secteur seront par ailleurs consultés sur les aménagements à ajouter au projet, qui devraient avoir une connotation culturelle.