La mairesse de Montréal, Valérie Plante, souhaite un important « changement de culture » dans les arrondissements montréalais pour accélérer la délivrance des permis de construction, pour lesquels les délais ont augmenté partout dans la métropole.

Alors que la crise du logement frappe partout au Québec, Mme Plante reconnaît que l’appareil municipal doit absolument améliorer son efficacité afin de permettre aux projets résidentiels de sortir de terre plus rapidement.

« C’est troublant de voir que ça prend plus de temps pour obtenir des permis », a confié la mairesse, jeudi en rencontre éditoriale à La Presse, réagissant au reportage publié le jour même sur nos plateformes.

« Ce qu’on souhaite, c’est de revenir au niveau prépandémique. Il y a des choses très précises que l’on peut faire. Je veux qu’on redresse la barre dans les processus des arrondissements pour être plus efficace. Il y a certainement des processus qui peuvent être plus uniformisés. »

Selon les données obtenues par La Presse, les délais de délivrance de permis de construction à Montréal ont crû en moyenne de 34 % par rapport à 2018. Ils ont augmenté encore plus dans certains arrondissements, comme Ville-Marie et Lachine, même si le nombre de permis demandés est en baisse, en raison du ralentissement économique.

Clairement, les constructeurs et les citoyens ont le droit de s’attendre à ce qu’on soit plus efficace dans la délivrance des permis et dans les processus. Les conversations sont déjà commencées, mais elles doivent aller plus loin.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Bien que certains arrondissements doivent composer avec des absences d’employés et une pénurie de main-d’œuvre, « ce n’est pas une raison pour ne pas être plus efficace quand il est question de délivrer des permis », observe Mme Plante.

Selon la mairesse, la mise en œuvre en 2021 d’une « cellule facilitatrice », ayant pour but de trouver des solutions pour réduire les délais, est appréciée par les entrepreneurs qui peuvent bénéficier d’un accompagnement.

« Jusqu’ici, on voit une amélioration avec la cellule facilitatrice, mais clairement, ce n’est pas assez. Il va falloir pousser plus loin, c’est sûr », reconnaît-elle.

« On est une grosse machine »

La diminution de la lourdeur bureaucratique voulue par Valérie Plante ne rime pas nécessairement avec une diminution du nombre d’employés.

La mairesse a d’ailleurs défendu la croissance importante du nombre d’employés municipaux depuis son accession à la mairie, alors que la Ville de Montréal a ajouté plus de 2000 employés à son effectif.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La mairesse Valérie Plante en entrevue avec des journalistes et l’éditorialiste en chef de La Presse, Stéphanie Grammond

« Quand on regarde le chiffre complet, c’est gros, mais en même temps, Montréal c’est gros aussi, a-t-elle dit. On est une grosse machine. »

Pour l’instant, l’administration municipale a annoncé à la mi-octobre qu’elle adoptait une cure minceur jusqu’à la fin de 2023 afin de pouvoir boucler son exercice : les nouvelles embauches sont limitées et les réserves budgétaires partiellement récupérées.

Ces mesures ne seront pas renouvelées pour l’ensemble de l’année 2024 dans le budget présenté le 15 novembre prochain, mais pourraient être prolongées à la pièce, un trimestre à la fois, a révélé Mme Plante.

« On est toujours en révision, a expliqué la mairesse. Il n’y a pas d’embauches pour les prochaines semaines, et après, on verra. »

Les embauches limitées, « c’est sûr que ça a un impact sur certains projets, ça se peut que ça aille plus lentement, mais quoi qu’il arrive, on ne touchera pas aux services aux citoyens ».