Devant une aide « nettement insuffisante » du gouvernement Legault, les sociétés de transport du Grand Montréal ne peuvent plus faire autrement : elles devront réduire le service ou alors refiler la hausse de taxes aux contribuables, déplore la mairesse Valérie Plante.

Ce qu’il faut savoir

  • Le gouvernement Legault a confirmé mardi dans sa mise à jour budgétaire qu’il fournira 265 millions en 2024 au transport collectif.
  • De ce total, 238 millions iront au Grand Montréal.
  • La mairesse Plante déplore que l’aide soit insuffisante. Il faudra donc réduire le service ou augmenter les taxes, selon elle.

« On trouve ça vraiment dommage. C’est soit il y a des coupes dans les services, soit ça pourrait avoir un impact sur la taxation », a regretté mardi en mêlée de presse Mme Plante, qui est aussi présidente de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) réunissant 82 municipalités dans la région.

Plus tôt, Québec avait confirmé dans sa mise à jour budgétaire que l’aide totale et finale pour le transport collectif l’an prochain serait bel et bien de 265 millions de dollars, dont 238 millions pour le Grand Montréal, un chiffre qui absorbe 70 % du déficit, selon le calcul que fait le gouvernement. Selon ce dernier, le déficit est de 338 millions de dollars.

Or, les villes ont toujours eu une vision bien différente. Jusqu’à lundi, elles estimaient le déficit à 532 millions, avant de le réviser à 461 millions. Lundi, dans une lettre au premier ministre François Legault, les élus de la CMM ont demandé une dernière fois à Québec de verser une aide financière de 346 millions pour éponger 75 % du déficit.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des coupes sont appréhendées dans le transport collectif du Grand Montréal. Les villes avaient déjà souligné qu’une aide en deçà de 300 millions pourrait provoquer la fermeture du métro après 23 h, dans l’île de Montréal.

Ce sont surtout les revenus liés à la taxe sur l’immatriculation qui expliquent l’écart entre le calcul du déficit du gouvernement et celui des villes. Ces revenus, estimés à 122 millions, doivent être consacrés au développement du transport collectif selon les villes, alors que Québec veut les affecter au déficit.

Ultimement, Québec n’a pas bougé, même si les villes avaient déjà souligné qu’une aide en deçà de 300 millions pourrait provoquer la fermeture du métro après 23 h dans l’île de Montréal. Des réductions de trajets d’autobus et des mises à pied de chauffeurs avaient aussi été évoquées dans le Grand Montréal.

« L’heure est grave »

Bref, « l’heure est grave » dans le Grand Montréal, affirme Mme Plante. « On est encore un peu sous le choc, honnêtement », a-t-elle dit, en ajoutant que les sociétés de transport de Montréal, Laval et Longueuil devront « évaluer différents scénarios » pour déterminer « quel impact ça pourrait avoir sur le service ».

Dans les couronnes, exo devra forcément le faire aussi, de concert avec l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), a précisé l’élue, qui espère d’ailleurs que l’ARTM pourra fournir « différents scénarios » pour la suite.

À la Société de transport de Montréal (STM), on est encore en train d’évaluer les dommages. « L’offre finale du gouvernement du Québec a été faite jeudi soir. Nous sommes encore en attente des chiffres de l’ARTM pour connaître la part de la STM. Il est donc trop tôt pour déterminer des scénarios concrets. […] Notre budget sera présenté dans les prochaines semaines », explique par courriel sa porte-parole, Amélie Régis.

Lundi, l’ARTM était aussi demeurée prudente dans ses commentaires, en indiquant n’avoir pas encore reçu la confirmation de tous les éléments nécessaires à son analyse.

Erreurs du passé

En mêlée de presse, Mme Plante a également déploré que le gouvernement reproduise les mêmes erreurs du passé, sans se soucier des conséquences sur l’achalandage et la confiance des usagers habituels dans le transport collectif de la métropole.

L’ancien ministre des Transports [François Bonnardel] avait fait une grande commission, il avait consulté tout le monde, mais on n’a jamais vu la couleur de ce rapport. C’est le jour de la marmotte.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Mme Plante déplore que la CMM se fasse encore dire « voici le chèque, et c’est tout ».

N’empêche, pour la suite, un plan de financement sur cinq ans doit encore être ficelé, un exercice auquel les deux parties se disent disposées à s’atteler au tournant de l’année prochaine. « On essaie vraiment de rester motivés […], mais on aimerait vraiment ça que cette fois soit la bonne, qu’on s’assoie avec nous comme des partenaires », a fait valoir la mairesse Plante à ce sujet.

À moyen terme, le cabinet de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, s’est aussi dit disposé à « optimiser les investissements pour offrir aux Québécois de meilleurs services de transport collectif », sans toutefois s’engager à offrir plus de ressources aux municipalités.