La cheffe du Service de police de Châteauguay ne se présente plus dans les locaux de son organisation – sauf minces exceptions – depuis près d’un an, a appris La Presse.

Ginette Séguin est impliquée dans un conflit avec une partie de son état-major. Son bureau demeure vide depuis le mois de janvier dernier, selon quatre policiers. Ceux-ci ont refusé d’être nommés par crainte de sanctions disciplinaires.

« Chez les cadres, c’est complètement dysfonctionnel », a dit un policier. « Ça rend l’ambiance de travail très difficile, mais je ne pense pas que ça ait un impact sur le service aux citoyens », a déclaré un autre.

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a indiqué qu’on était « au courant de la situation » à Québec. M. Bonnardel laisse toutefois à Châteauguay le soin de gérer ce dossier.

Mme Séguin avait été suspendue en janvier dernier dans le cadre d’une enquête interne, moins d’un an après sa nomination. Selon Le Soleil de Châteauguay, sa suspension a pris fin le 10 avril 2023.

Mais la policière n’est pas revenue au poste de police sur une base régulière depuis, a pu confirmer La Presse. Un policier évoque des présences occasionnelles certains jours de fin de semaine, un autre a été témoin de passages en coup de vent.

Première femme nommée à la tête du Service de police de Châteauguay, Ginette Séguin a fait carrière à la Sûreté du Québec (SQ), où elle s’est hissée jusqu’au grade de capitaine. Elle a notamment pris la direction du poste de Val-d’Or en 2015 après les allégations de mauvais traitements envers des Autochtones. Elle a aussi fait un passage éclair au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans la foulée de l’arrivée de Martin Prud’homme.

Elle n’a pas rappelé La Presse.

Nouveau poste de numéro 2

La Ville de Châteauguay a refusé de confirmer que sa cheffe de police ne se présentait plus au travail.

« Nous avons bien pris connaissance de votre demande. La Ville ne souhaite émettre aucun commentaire », a indiqué la chef aux communications, Audrey Jacques.

En avril dernier, le conseil municipal de Châteauguay a voté la création de deux nouveaux postes de cadre au sein du petit service de police. Un poste de directeur adjoint, placé entre la cheffe et le reste de l’état-major dans l’organigramme de l’organisation, a notamment été créé.

Marie-Louise Kerneis, la conseillère municipale qui a proposé la résolution en cause, a dirigé La Presse vers la municipalité.

C’est un dossier de relations de travail. Je n’ai aucune crainte que la sécurité civile est assurée.

Marie-Louise Kerneis, conseillère municipale à la Ville de Châteauguay

Le président de la Fraternité des policiers de Châteauguay, Mario Corbeil, a souligné que son syndicat n’était pas directement impliqué dans la situation.

« Nous pouvons vous confirmer que cette situation ne découle pas d’une action provenant de la Fraternité, a-t-il déclaré par courriel. À ce moment, nous ne commentons pas davantage le dossier en cours. Cependant, nous suivons le tout, car cela a un impact direct sur nos relations de travail. »

L’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) n’a pas voulu commenter directement le dossier de Ginette Séguin. « Toutefois, l’ADPQ tient à préciser que la question des nominations, suspensions et destitutions des chefs de police la préoccupe », a indiqué la responsable des communications, Anne Roy, par courriel. « C’est pourquoi elle a déposé au Comité consultatif de la réalité policière une proposition demandant que des balises soient clairement identifiées. »