La Ville de Montréal a annulé plusieurs partys de Noël destinés à ses employés pour des raisons budgétaires, a appris La Presse, au grand dam des syndicats qui montrent du doigt les dépenses au sommet de la hiérarchie.

Les restrictions budgétaires décidées à la mi-octobre par l’administration Plante font en sorte que les fêtes de bureau « devront être organisées sans aucun coût pour la Ville » cette année, a confirmé Montréal, vendredi, dans un courriel.

Résultat : des annulations en cascade au cours des derniers jours. Des arrondissements, comme Saint-Laurent, Rosemont–La Petite-Patrie et Le Sud-Ouest, et des services ont fait savoir que leurs rassemblements étaient annulés, selon le syndicat des cols blancs.

« On dépense en masse pour les gestionnaires, mais pour les travailleurs, on serre la ceinture et on coupe tout », a dénoncé le président syndical Patrick Dubois. « Mme [Dominique] Ollivier a dépensé 17 000 $ en quatre ans en restauration. En plus des doubles bonis [pour les cadres]. Ça s’empile. » « Il y a deux réalités à la Ville de Montréal. On le sent et on le sait », a ajouté sa collègue Nancy Roy.

Le syndicat des cols bleus est aussi déçu.

« Avec toutes les dépenses qu’ils font, je trouve ça un peu malheureux », a dénoncé le président Jean-Pierre Lauzon.

[Les partys] n’étaient pas luxueux. Normalement, c’était un buffet, tout le monde mange ensemble, les employés avec l’employeur. C’est convivial. C’est un genre de reconnaissance envers nos confrères qui travaillent fort.

Jean-Pierre Lauzon, président du syndicat des cols bleus

L’administration Plante n’a pas commenté le dossier.

Un resserrement de 115 millions

La Ville de Montréal n’a pas de modèle unique en matière de fêtes de Noël. Chaque service organise le sien, parfois en demandant une contribution aux employés, parfois en utilisant une caisse liée à la machine à café, parfois à même le budget de l’employeur, et souvent avec une combinaison de ces financements. Le retrait de toute contribution de la Ville a visiblement empêché la tenue de plusieurs de ces rassemblements.

« Montréal a adopté récemment un plan de resserrement des dépenses municipales pour l’exercice financier 2023 », a indiqué le relationniste Gonzalo Nunez, de la Ville de Montréal, dans un courriel.

Dans le cadre de ces restrictions budgétaires, la direction générale a décidé de retirer les sommes des frais de fonction, frais de réception et d’accueil, location de salle, frais de réunion et tout autres frais connexes.

Gonzalo Nunez, relationniste de la Ville de Montréal

Les fêtes pourraient donc être maintenues si elles sont financées à 100 % par les employés.

La politique de resserrement avait été annoncée à la mi-octobre par la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, qui voyait les revenus fiscaux fondre comme neige au soleil. Un gel d’embauches et des compressions totales de 115 millions étaient au menu.

Deux semaines plus tard, Mme Ollivier se retrouvait engluée dans une controverse entourant ses dépenses de restauration et de déplacement à travers la planète à l’époque où elle était à la tête de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

Un mois plus tôt, c’est la décision de son comité exécutif de remettre un deuxième boni annuel à l’ensemble des 1800 cadres de la Ville de Montréal qui faisait la manchette. Une largesse qui a coûté 6 millions au Trésor public.

« Aucune reconnaissance »

Au-delà de l’annulation de plusieurs partys de Noël, c’est l’absence de reconnaissance qui choque surtout les leaders des cols blancs et des cols bleus.

« Il n’y en a aucune reconnaissance à la Ville de Montréal, a ajouté M. Dubois. Quand je dis aucune, c’est aucune. »

Vous donnez 30 ans de votre vie et il n’y a même pas un souper de retraite qui vous attend à la fin si ce ne sont pas les employés qui prennent ça en charge.

Patrick Dubois, président du syndicat des cols blancs

M. Dubois a relaté avoir eu des conversations téléphoniques avec des membres en pleurs dont les patrons ne s’étaient même pas déplacés pour les saluer au dernier jour de leur longue carrière.

« Il n’y a pas de partys de Noël, mais il n’y a pas de cadeaux de Noël non plus. Et de l’autre côté, ce qu’on entend, c’est frustrant », a ajouté Nancy Roy. La syndicaliste fait référence aux demandes répétées de son organisation afin que les travailleurs obtiennent des chèques spéciaux pour faire face à l’inflation, comme dans certaines municipalités défusionnées. Jusqu’à maintenant, Montréal a fermé la porte à ces demandes.