L’administration de Valérie Plante annoncera ce mercredi des hausses de taxes résidentielles de 4,9 % dans le cadre de son budget, un sommet depuis 2010, a appris La Presse.

L’impact conjugué du ralentissement du marché immobilier et de l’inflation des prix des contrats fait particulièrement mal à la Ville, qui doit se tourner vers les propriétaires montréalais pour combler le fossé prévu en 2024.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Selon nos informations, le budget ne comprend ni réduction importante des dépenses ni gel de l’embauche. Des services devront toutefois se contenter de hausses moins importantes que dans les dernières années.

Les propriétaires d’immeubles commerciaux subiront une hausse de taxes un peu moins importante que les propriétaires résidentiels.

L’an dernier, l’administration Plante avait augmenté les factures de taxes résidentielles des Montréalais de 4,1 %, un sommet depuis 2011. Il faudra maintenant se rapporter à l’année précédente, 2010, pour trouver une hausse plus importante. À l’époque, la crise économique avait fait des ravages dans le fonds de retraite des employés municipaux.

C’est la présidente sortante du comité exécutif, Dominique Ollivier, qui devait jusqu’à récemment présenter le budget de Montréal. Elle s’était engagée à limiter la hausse des taxes foncières à un maximum de 5,2 %. « Il y a des réalités auxquelles nous ne pouvons pas échapper, disait-elle en octobre. Les contrats de déneigement ont presque doublé. Les contrats de ramassage des ordures » ont aussi augmenté.

La vie professionnelle de Mme Ollivier a pris un tournant radical il y a 10 jours, avec la publication par Québecor de ses allocations de dépenses de l’époque où elle était présidente de l’Office de consultation publique de Montréal. Elle a démissionné lundi, laissant la présentation de son budget au maire du Sud-Ouest et nouveau responsable des finances, Benoit Dorais. L’ensemble des arbitrages étaient déjà effectués au moment du départ de la présidente du comité exécutif, ont indiqué deux sources proches de l’élaboration du budget.

« C’est dur pour les citoyens »

Mardi, l’administration Plante a refusé de commenter nos informations.

« On a toujours fait des budgets très rigoureux, mais aussi connectés aux priorités des citoyens. Le gros défi de ce budget-là, c’était de n’absolument pas toucher aux services aux citoyens », a affirmé Valérie Plante début novembre, en entrevue éditoriale avec La Presse.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Ça va être un budget à l’image de la période actuelle. On est dans une période d’inflation, alors c’est dur pour les citoyens, c’est dur pour le portefeuille du monde, alors on va continuer d’être là pour eux et d’assurer les services.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, au début de novembre

« C’est dur pour les gens à cause de l’inflation, et notre budget va être vraiment respectueux de ça », a-t-elle continué.

Elle avait ajouté que le budget n’inclurait pas de gel de l’embauche, mais qu’une telle mesure pourrait être annoncée en parallèle, en cas de besoin, « par trimestre ».

L’administration Plante a annoncé à la mi-octobre un plan de resserrement des dépenses de 115 millions. Depuis ce moment, les gestionnaires de la Ville de Montréal n’ont plus le droit de pourvoir les postes vacants non essentiels et ont perdu le contrôle d’une partie des fonds qui étaient attribués à leur service sans être formellement engagés.

Des dépenses effectuées avant cette cure minceur ont toutefois fait la manchette. La mairesse et son équipe ont notamment accordé un double boni aux 1800 cadres de la Ville pour compenser des primes jamais versées en 2020. Et une convention collective prévoyant « une augmentation de la rémunération globale de l’effectif policier de 20 % sur 5 ans » a été signée au printemps dernier. Ces hausses sont près de deux fois plus importantes que celles qui avaient été prévues en début de négociation.

Taxes locales en hausse

L’augmentation des taxes foncières inclut les importantes hausses de taxes locales décidées par les différents arrondissements de Montréal. Celles-ci s’élèvent en moyenne à 9,5 %, mais ne constituent qu’une petite partie de la facture totale de l’impôt foncier. Il s’agit là aussi d’un sommet récent.

« Comme élus, ce n’est jamais de gaieté de cœur que nous devons ajuster la taxation à la hausse », avait affirmé à la mi-octobre la mairesse de LaSalle, Nancy Blanchet, en annonçant une augmentation qui fera grimper de 14,3 % sa taxe locale. « C’est une solution de dernier recours, et je peux vous assurer que nous aurions préféré annoncer un gel ou une baisse. »

« Tout coûte plus cher », faisait pour sa part valoir la mairesse Émilie Thuillier, de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, où la taxe locale augmentera de 10,7 %. Et « on n’a pas le droit de faire des déficits ».

L’administration Plante avait souligné que « les arrondissements déterminent eux-mêmes leurs taxes locales », alors que l’opposition déplorait des décisions « crève-cœur » pour des élus « qui doivent composer avec des transferts de la ville-centre largement insuffisants ».