(Montréal) Une centaine de manifestants se sont rassemblés dimanche pour dénoncer le sous-financement des transports en commun au Québec, qui pourrait engendrer une diminution des services.

« Tout le monde sait qu’il y a une crise dans les sociétés de transport. Mais quand on voit que des scénarios si désastreux sont envisagés, il faut agir », a déclaré à La Presse Mathieu Murphy-Perron, membre fondateur du collectif militant Vélorution, qui a organisé la manifestation.

À la fin du mois d’octobre, plusieurs maires et mairesses du Grand Montréal ont dit craindre que le secteur du transport collectif subisse de lourdes pertes sans bonification de l’aide gouvernementale. Selon leurs hypothèses, le métro devrait fermer après 23 h chaque jour et n’ouvrir qu’à compter de 9 h le week-end. Cela aurait aussi pour effet de réduire le nombre de trains sur les lignes jaune, verte et orange.

« Pour une ville décongestionnée et sécuritaire, on a besoin de transport collectif. De telles mesures amèneraient tellement plus de gens à se déplacer en auto solo et ce serait une catastrophe », dit Mathieu Murphy-Perron.

« C’est complètement aberrant »

Les manifestants se sont réunis dès 11 h au métro Square-Victoria–OACI. « Considérant tout ce qu’on sait avec les changements climatiques et l’impact environnemental des habitudes humaines, c’est complètement aberrant de vouloir couper dans les transports en commun », s’est exclamée l’une des manifestantes, Magalie Simard. Il faut plutôt augmenter le financement des transports en commun, ont renchéri à ses côtés Simon Paquette et Kathleen Gudmundsson.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Les manifestants demandent plus de financement pour les transports en commun, alors que des coupes sont envisagées pour absorber les pertes financières.

« C’est totalement irresponsable, ce que M. Legault et le ministre des Finances ont fait », a déclaré la députée solidaire Manon Massé, qui était présente à l’évènement. Elle déplore que le gouvernement de la Coalition avenir Québec n’ait pas financé les sociétés de transport à la hauteur de leurs besoins. « Ça veut dire potentiellement des coupes de services et l’augmentation des prix, et ce n’est pas acceptable en 2023. »

« Il faut penser aux familles. Je rencontre des gens qui disent que si le métro ne passe pas à une fréquence régulière, ils ne peuvent pas aller travailler, aller étudier ou chercher les enfants à la piscine le dimanche », a ajouté la députée solidaire Alejandra Zaga Mendez.

Une diminution du service appréhendée

Un reportage de Radio-Canada paru jeudi citait un document interne selon lequel une baisse de service de 3,7 % pour les autobus et de 4,8 % pour le métro est envisagée pour absorber les pertes financières de la Société de transport de Montréal (STM).

La Presse a pu confirmer que cette hypothèse est étudiée, mais qu’il ne s’agit pas formellement d’une orientation budgétaire. Le but serait notamment d’éponger les baisses d’achalandage, alors qu’à peine 75 % des usagers sont de retour dans les transports en commun du Grand Montréal.

Ladite mesure, qui serait une possibilité parmi plusieurs autres, pourrait permettre d’équilibrer le budget de la STM, qui doit être présenté la semaine prochaine en même temps que celui de l’administration de Valérie Plante, avec une économie d’environ 18 millions.

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse